INDUSTRIE BERNARD ET FILS Dans la cour des grands !

La fierté d’avoir vu une entreprise se bâtir et celle de pouvoir continuer de la faire grandir, voilà ce qui motive tous les jours Yves Bernard, président des Industries Bernard et Fils, l’un des plus importants joueurs sur le marché mondial du sirop d’érable. Fondée par son père Réal Bernard, en 1966, l’entreprise de St-Victor transforme plus de 20 millions de livres de sirop par année et envisage de faire passer sa production à plus de 35 millions de livres d’ici 5 ans. Le pari est certes ambitieux, mais Yves Bernard est prêt à le gagner.
Issu de 5 générations de producteurs, Yves Bernard est heureux du chemin parcouru depuis qu’il a pris la relève de son père dans l’entreprise familiale en 1983.

Bien ancré dans sa région et fidèle aux valeurs qui lui ont été transmises, Yves Bernard confie avoir toujours été passionné par le sirop d’érable et avoir su, dès sa tendre enfance, qu’il deviendrait lui aussi entrepreneur. « Mon père voyait loin, il était convaincu que ça deviendrait gros. Nous avons bâti quelque chose et nous sommes encore là, avec nos enfants. J’ai toujours su que ça marcherait. »

Le président rappelle que dans les années 80, le chiffre d’affaires des Industries Bernard et Fils était d’environ deux cent mille dollars. En 2018, le chiffres d’affaires de l’entreprise, qui emploie 80 personnes, avoisine désormais les 100 M$ et connaît une progression constante.

Rappelons qu’en décembre dernier, l’entreprise passait partiellement aux mains de deux fonds d’investissement québécois, Phoenix Partners (actionnaire principal) et le Fonds de solidarité FTQ. Tout en maintenant la propriété de l’entreprise dans les mains de capitaux québécois, cette injection de capital a pour objectif principal d’accélérer la croissance de l’entreprise.

Industries Bernard et Fils distribue ses produits dans plus de 40 pays dans le monde. Les États-Unis représentent près de la moitié du marché de l’entreprise, alors que 35 % de la production est distribuée au Canada, viennent ensuite l’Europe et l’Asie. Les produits sont distribués dans les chaînes de supermarchés, chez les grossistes, les distributeurs et le marché HRI. « On distribue dans toutes les grandes chaines américaines et quand ils veulent nous voir, ils arrivent ici en jet privé, ce qui n’est quand même pas si mal ».

Avec un marché ouvert sur l’Asie, l’entreprise beauceronne reçoit chaque année des industriels de la Chine et du Japon pour leur faire découvrir ses installations, ses procédés de fabrication et surtout faire goûter ses produits. « L’an dernier, nous avons reçu plus de 60 personnes de la Chine, c’est une initiative de mon fils Martin qui est directeur des ventes. C’est une façon originale d’approcher ce marché. »

Pour Yves Bernard, le succès en affaires se mesure d’abord par la capacité de bien s’entourer, de motiver et de galvaniser les troupes dans la poursuite d’objectifs communs. « Pour avoir un vrai succès en affaires, il faut que tu sois capable de motiver ton monde, de leur montrer le chemin. Et ça, ce n’est pas tout le monde qui le fait. Apprendre à motiver son équipe, c’est aussi apprendre à réussir. Mon père a toujours su me motiver à aller de l’avant et à ne jamais avoir peur. Quand j’ai repris l’entreprise, j’étais seul avec mes frères Marcel, Victor, Paul et Richard. Aujourd’hui on a 80 employés avec qui on fait fonctionner ça. »

La famille est aussi une notion très importante pour Yves Bernard. Ainsi, outre ses deux enfants, Martin et Karine — cette dernière est en charge du millier de producteurs de sirop qui approvisionnent l’entreprise — tous les enfants de la fratrie sont présents dans l’entreprise. « Nous sommes une quinzaine de Bernard dans l’entreprise. Pour faire fonctionner tout ça, il faut que tout le monde ait sa place. Mes frères ont chacun leurs responsabilités et les enfants ont leur propre rôle au sein de l’entreprise. »

L’acquisition d’embouteilleuses rotatives au coût de 1, 5 M$ chacune fut, selon Yves Bernard, l’une des plus grandes décisions que l’entreprise a eu à prendre dans tout le processus d’amélioration des installations qui a pu être bouclé l’an dernier avec une usine de 100 000 pieds carrés, sans compter une superficie équivalente pour les entrepôts.

« Avec nos deux rotatives, nous nous sommes donné l’objectif d’aller chercher des grandes chaines de magasins qu’on n’était pas capables de servir auparavant parce qu’on n’avait pas la puissance d’emballage nécessaire. Aujourd’hui on est équipés. » Dans une volonté de développer ses marchés à l’étranger, le président a choisi il y a quelques années de multiplier les participations de son équipe aux différentes foires alimentaires internationales. Ce fut un succès. « On apportait nos produits pour leur montrer ce qu’on était capables de faire partout à travers le monde. En plus, contrairement à d’autres entreprises, notre équipe n’était pas grosse. On était 3 à 4 personnes. Mais ça nous a vraiment permis de réaliser des ventes. »

Si, visiblement, Yves Bernard n’a pas besoin de structures lourdes pour faire avancer ses affaires à l’international, il confie qu’un des enjeux importants pour conquérir les nouveaux marchés est d’abord de se familiariser avec les consommateurs qui s’y trouvent. « Ils faut s’adapter. Leur présenter ça en tenant compte de leur contexte. Comprendre comment ils peuvent utiliser notre produit. En Israël, ils ne mangent pas le sirop avec les crêpes. Si tu ne tiens pas compte des différences, tu ne pourras jamais vendre dans ces pays-là. »

Et la Chine ? « C’est un marché bien différent. Ils utilisent le sirop surtout dans les viandes. Il se vend environ 7 à 8 conteneurs par année, 250 000 livres, c’est en développement. Mais si la Chine décidait de lever la switch, de mettre ça à on, on serait inondés de commandes. »

Instinctif, Yves Bernard a toujours su faire les choses simplement avec cœur et passion, et c’est bien comme ça qu’il a choisi de conquérir le monde