Coopératives : faire contrepoids au capitalisme

« Les coopératives sont extrêmement importantes […] et, dans une certaine mesure, l’avenir est entre vos mains », a déclaré aujourd’hui le professeur Robert Reich de l’Université de Californie Berkeley, aux participants du troisième Sommet international des coopératives qui se poursuit jusqu’à demain à Québec.

Le conférencier, ex-secrétaire au travail sous la présidence de Bill Clinton, a terminé son plaidoyer en faveur d’une restructuration du système politique et économique mondial en invitant les coopératives à unir leurs voix pour faire contrepoids au capitalisme qui fait stagner le revenu des classes moyennes et augmenter l’insécurité.

L’expert a rappelé qu’aux États-Unis, le revenu médian des ménages a diminué de 14 % depuis 1984, même si l’activité économique a doublé.

De son côté, le stratège américain en innovation et leadership, Navi Radjou, a prôné une croissance inclusive et durable par « l’innovation frugale » en affirmant que les coopératives sont les mieux placées pour optimiser l’usage des ressources et humaniser la société.

« Faire plus avec moins », dit-il, c’est par exemple fabriquer pour 35 $ US un microprocesseur capable d’ajouter des encyclopédies entières aux tablettes des gens qui n’ont pas accès à Internet en Asie.

Présentation de 14 grandes études

Par ailleurs, depuis le début du Sommet, 14 études inédites ont été dévoilées, incluant l’Observatoire Mondial des Coopératives de 2016 publié par l’Alliance coopérative internationale et EURICSE, montrant que les 300 plus grandes coopératives ont augmenté leur chiffre d’affaires de 7 % en un an, pour atteindre 2 500 milliards $ US.

Les autres études couvrent les services financiers en divers points de la planète, les coopératives forestières, la contribution des mutuelles à la santé dans le monde et les pratiques innovantes. On peut en trouver le texte ou un résumé aux onglets « études » ou « salle de presse » du site web du Sommet.

Dans un secteur crucial pour la population mondiale, 9,7 millions de bouches à nourrir sur la planète à l’horizon 2050, un rapport de la firme PwC indique que les coopératives des secteurs agricole et agroalimentaire vivent « une montée en puissance de la logique partenariale ».

L’étude a analysé quelque 150 partenariats initiés sur les cinq continents par des coopératives du secteur depuis 2005, dont 45 en 2015. Elle met en lumière que ces ententes sont principalement motivées par la recherche de nouveaux marchés et débouchés et par le besoin de sécuriser la production.

En Amérique les coopératives ont surtout tendance à s’allier à des organisations de leur propre zone géographique, mais en Europe et en Asie, ces partenariats ont considérablement amélioré la capacité des coopératives agricoles d’aller au-delà des barrières traditionnelles de leurs champs de compétence et de leurs frontières géographiques.

Retard à rattraper

Par ailleurs, une occasion inattendue pour les coopératives de profiter d’un modèle d’affaires novateur et intersectoriel, issu du numérique et offert sur une plateforme, retient l’attention depuis le début du Sommet. Il s’agit de l’Économie Collaborative Augmentée, aussi appelée commerce collaboratif. Mais 64 % des dirigeants de 110 coopératives dans 47 pays, sondés par l’équipe du chercheur européen Fotis Filipopoulos, pour le compte de la Confédération internationale des banques populaires, admettent que leur institution accuse un retard dans ce domaine. Chez celles qui se sont engagées dans cette direction, on trouve pourtant que 89 % des membres et 86 % des clients y voient la prochaine étape de l’évolution du mouvement coopératif.

Une autre étude présentée celle-là par E & Y souligne l’importance du volet humain de l’analyse des données. Les technologies de pointe et de traitements des méga données chamboulent même les processus d’affaires quotidiens, mais la valeur de cet exercice tient à son intégration au cœur de ces processus, là où les décisions sont prises par des humains.

À suivre demain

La dernière journée du Sommet sera en grande partie consacrée au rôle que les organisations coopératives et mutualistes peuvent jouer dans l’atteinte des 17 objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations Unies.

À propos du Sommet international des coopératives

Tenu à l’initiative du Mouvement Desjardins et de l’Alliance coopérative internationale, le troisième Sommet international des coopératives réunit des décideurs et des personnes d’influence du milieu coopératif et mutualiste de tous les continents à Québec (Canada), du 11 au 13 octobre 2016. Par ses thèmes ambitieux et audacieux, ce rassemblement économique international associe également de nombreux leaders socioéconomiques et dirigeants politiques de la planète.

Source: Sommet international des coopératives