Les aliments riches en sel ou en sucre coûtent moins cher que leurs équivalents plus sains

Québec – Dans plusieurs catégories d’aliments comme les pains, les céréales ou les biscuits, les produits qui ont une teneur élevée en sodium ou en sucre sont généralement moins chers que les produits équivalents qui en contiennent peu. C’est ce que constate une équipe de recherche de l’Université Laval dans une étude publiée récemment par la revue Public Health Nutrition.

L’équipe de Véronique Provencher, professeure à l’École de nutrition de l’Université Laval et directrice scientifique de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF), a voulu savoir s’il existait un lien entre le prix des aliments d’une même catégorie et leur qualité nutritionnelle.

Pour les besoins de l’étude, les chercheuses ont considéré cinq catégories d’aliments transformés: les pains tranchés, les céréales à déjeuner, les grignotines, les produits de fromage (fromages à tartiner, par exemple) ainsi que les biscuits et galettes. « Les aliments transformés ne sont pas forcément de faible qualité sur le plan nutritionnel, précise la doctorante Isabelle Petitclerc, première auteure de l’étude. Par exemple, des produits comme des céréales ou du pain tranché de grains entiers à faible teneur en sucre et en sodium ont une bonne qualité nutritionnelle. »

La qualité nutritionnelle de chaque produit considéré dans l’étude a été établie à partir des seuils définis par Santé Canada pour déterminer s’il devra porter le symbole « Élevé en » sur son emballage à partir de janvier 2026. « Nous avons classé plus de 2000 produits alimentaires en fonction des seuils adoptés par Santé Canada pour les gras saturés, les sucres et le sodium », explique la doctorante.

Les chercheuses ont constaté que, dans une même catégorie d’aliments, les produits avec une teneur élevée en sodium et en sucre sont généralement moins chers que ceux qui se situent sous le seuil de Santé Canada.

Les gras saturés suivent une règle inverse : les aliments qui en contiennent davantage sont généralement plus chers. « C’est sans doute en raison du coût d’ingrédients tels que le beurre ou l’huile de coco que les produits ayant une teneur élevée en gras saturés coûtent plus cher », avance Isabelle Petitclerc.

Enfin, les aliments pour lesquels deux des trois nutriments ont une teneur élevée coûtent moins cher que ceux qui ont un seul nutriment problématique ou que ceux qui n’en ont aucun.

L’entrée en vigueur prochaine du symbole nutritionnel sur les emballages devrait aider les consommateurs à identifier rapidement les produits qui contiennent des nutriments à limiter dans l’alimentation, soit les gras saturés, les sucres et le sodium. En théorie, cela devrait conduire à de meilleurs choix alimentaires qui se répercuteront positivement sur la santé de la population.

« Il se peut que les entreprises reformulent leurs produits pour éviter d’avoir à y apposer le symbole nutritionnel, souligne Isabelle Petitclerc. Cela pourrait pousser les prix des aliments à la hausse. Pendant la prochaine année, nous allons étudier l’effet de l’entrée en vigueur du symbole nutritionnel sur le prix et sur la qualité nutritionnelle des aliments. L’intention derrière le symbole nutritionnel est bonne, mais il faut que cette mesure aide tout le monde, pas uniquement les personnes qui ont les moyens de payer plus cher pour leur alimentation. »

Les signataires de l’étude parue dans Public Health Nutrition sont Isabelle Petitclerc, Sonia Pomerleau, Laure Saulais, Geneviève Mercille, Marie-Ève Labonté et Véronique Provencher.

 

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ULaval communications
Université Laval
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