Mise à jour des perspectives de 2021 pour le secteur laitier : garder un œil sur l’état des cultures et les importations

Source : Farm Credit Canada

Nos projections de rentabilité se sont assombries tant pour les provinces du P5 que pour celles de la Mise en commun du lait de l’Ouest (MCLO). Les prévisions de revenus laitiers agricoles ont diminué par rapport à nos perspectives de mai, mais elles demeurent supérieures à nos prévisions de janvier. En avril, les revenus laitiers ont baissé en deçà des attentes, et nous prévoyons qu’ils ne remonteront pas avant l’automne. Les prix mondiaux élevés des céréales et le temps chaud et sec dans l’Ouest du Canada font grimper les coûts de production.

Le tableau 1 présente une comparaison entre nos prévisions de revenus bruts de janvier à celles d’août. Les indices du coût des aliments pour animaux reflètent la forte hausse des coûts des céréales depuis nos prévisions de janvier.

 

* Les données de juin n’étant pas encore accessibles, nous avons utilisé les valeurs prévues pour ce mois.

Source : Les projections des coûts des aliments pour animaux de FAC s’appuient sur le tableau 18-10-0266 de Statistique Canada. Les revenus bruts sont calculés à partir des données du Gouvernement de l’Alberta, des Dairy Farmers of Ontario, de Statistique Canada et de l’USDA. Les calculs pour les revenus bruts excluent la prime à la matière grasse butyrique et les pénalités pour production hors quota.

Les recettes agricoles ont diminué au printemps en raison d’une baisse des ventes de lait destiné à la consommation et à la fabrication de fromage. À ce moment-là, tout semblait indiquer que la consommation allait reprendre du poil de la bête, et le P5 a annoncé en mai qu’il ajoutait des jours d’incitatif pour les mois de juin à novembre. Toutefois, des ventes inférieures aux prévisions ont forcé le P5 à éliminer deux jours d’incitatif en août et un jour en septembre. Les perspectives demeurent positives pour l’automne où les prix devraient se rétablir. Quant aux producteurs du MCLO, ils ont dix jours d’incitatif entre août et novembre.

En mai, nous anticipions une croissance de 6 % des recettes monétaires de la production laitière pour 2021, soutenue par une hausse de 3,4 % du prix moyen du lait ainsi que par une augmentation de 2,5 % de la production. Compte tenu de la baisse inattendue de la consommation de produits laitiers, nous avons ramené notre prévision de croissance pour 2021 à 3,9 %. En glissement annuel, nous anticipons une croissance de plus de 8 % au deuxième trimestre, laquelle s’explique par les réductions de production pendant la même période en 2020. Cette croissance devrait toutefois ralentir à 4,5 % et 1,8 % aux troisième et quatrième trimestres, respectivement.

Il est difficile de prévoir les coûts, particulièrement dans les provinces de l’Ouest, en raison de la volatilité des prix des céréales et du temps chaud et sec dans l’Ouest. Les conditions météorologiques défavorables peuvent compromettre l’état des pâturages et des cultures à l’échelle régionale, mais leurs impacts financiers varient d’une exploitation à l’autre. Nos prévisions de coûts reflètent bien les conditions dans les marchés mondiaux, mais non pas celles dans les marchés locaux, surtout en ce qui concerne les produits de moins grande valeur, comme le foin. Elles risquent donc de sous-estimer l’incidence de la sécheresse de l’été sur les coûts de production des agriculteurs de l’Ouest.

Bond des importations de fromage

Le taux de change entre le dollar canadien et le dollar américain a récemment connu d’importantes fluctuations. La paire de devises a commencé l’année à 0,78 $ US/$ CA, a grimpé à 0,83 $ US/$ CA en juin, puis est redescendue à 0,80 $ US/$ CA en juillet. Nous anticipons que le taux de change finira l’année autour de 0,80 $ US/$ CA.

La hausse du dollar canadien a rendu les produits laitiers américains plus concurrentiels au Canada. Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) en juillet 2020, les importations de produits laitiers américains n’avaient pas connu de hausse majeure, mais cela a changé depuis l’envol du huard. La figure 1 montre qu’en 2021, les importations de lait et de crème concentrés des États-Unis ont largement dépassé celles des deux dernières années. Les importations de fromage ont également augmenté. Environ la moitié des contingents tarifaires pour l’importation de fromage dans le cadre de l’ACEUM ont été alloués pendant la première moitié de 2021, ce qui laisse entrevoir que les importations de fromage pourraient atteindre la quantité maximale permise cette année.

Prix des produits laitiers aux États-Unis

Le prix de la poudre de lait écrémé aux États-Unis a atteint un sommet de 1,32 $ US/lb en mai, dépassant le prix d’avant la pandémie. Au deuxième trimestre, le prix moyen de la poudre de lait écrémé aux États-Unis était de 1,27 $ US/lb, en hausse de 0,12 $ US/lb par rapport au premier trimestre. Dans son plus récent rapport sur les prévisions de l’offre et de la demande, l’USDA a revu ses prévisions de prix (en anglais seulement) de la poudre de lait écrémé aux États-Unis pour 2021 à 1,25 US $/lb en 2021, en hausse de 20 % par rapport ses prévisions de janvier. Le prix minimal du lait de la classe 4a au Canada, dont l’évolution dépend du prix de la poudre de lait écrémé aux États-Unis, est passé de 2,26 $/kg en janvier à 2,50 $/kg en juin.

Réouverture des services alimentaires

La troisième vague de COVID-19 a ralenti la reprise économique aux premier et deuxième trimestres. Grâce à la distribution de vaccins et à la réouverture progressive des services alimentaires, la demande de produits laitiers devrait remonter lentement à son niveau d’avant la pandémie. Il sera intéressant de voir si les consommateurs achèteront le même assortiment de produits qu’ils achetaient avant la pandémie