Comment l’interdiction des bouteilles d’eau peut être contreproductive

Bannir les bouteilles d’eau était supposé être bénéfique pour l’environnement et les consommateurs mais il pourrait en être autrement pour les deux

Après avoir annoncé que Montréal allait bannir les sacs de plastiques à partir du premier janvier 2018, le maire Denis Coderre a récemment décidé de sa prochaine cible, enlever les bouteilles de plastique dans la ville.

Alors que la nouvelle a soulevé le débat chez les compagnies de boissons, elle a été applaudie par les groupes environnementaux et les dirigeants de communautés qui ont longtemps vu les bouteilles comme du gaspillage et de la pollution.  (On se rappelle quand même que c’est la ville qui a déversé presque 5 millons de litres d’eaux usées dans le fleuve l’an dernier). Mais il pourrait finalement s’agir d’une opportunité pour les bouteilles de brevages sucrés, qui pourrait remplir les poubelles avec encore plus de plastique.

C’est ce qu’un chercheur a découvert en étudiant ce qui s’est passé sur le campus de l’Université du Vermont en 2013 après qu’ils aient banni les bouteilles de plastique.

Les attentes étaient hautes. L’école a même fait une «fête de retraite» pour les bouteilles de plastique. Des bouteilles réutilisables étaient vendus 2$ aux étudiants et l’Université à adapté 68 fontaines pour pouvoir remplir les bouteilles. Une campagne d’information fut aussi lancée pour promouvoir les nouvelles politiques aux étudiants et des tests de goût furent même organisés pour voir si les étudiants voyaient une différence entre l’eau du robinet et celle en bouteille.

Par contre, dans les mois suivant l’interdiction, les élèves n’ont pas arrêté de se procurer des bouteilles en pastique nous dit Rachel Johnson, une professeure en nutrition à l’Université du Vermont, qui a publié ses résultats l’an dernier. En fait, ils en consommaient encore plus.

Durant la session printanière de 2013, suivant l’interdiction de vente des bouteilles, les ventes de bouteilles ont augmentées sur les différents campus de l’université. On comptait 26 bouteilles par étudiants au lieu de 24 l’année précédente. Au lieu de remplir leurs bouteilles, les étudiants achetaient maintenant des bouteilles de jus ou de boisson gazeuses, qui utilisent des bouteilles plus épaisses que les bouteilles d’eau habituelles.

Encore pire, cela voulait dire que les étudiants consommaient encore plus de calories, de sucre et de sucres ajoutés  qu’avant l’interdiction. En d’autres termes, on peut mener l’étudiant à la fontaine mais on ne peut le forcer à boire.

À une époque où l’eau en bouteille est en chemin pour dépasser les boissons gazeuses d’ici 2017, la diminution de soda est, comme le dit le New York Times, « le plus gros changement dans la diète américaine dans la dernière décennie. » La consommation annuelle a diminuée chaque année depuis 10 ans et l’eau en bouteille est en partie responsable de cette diminution. Chaque petit geste aide dans la bataille contre l’obésité, le diabète et les maladies liées au surplus de sucre. Mais avec ces règlements, on arrête de vendre de l’eau sans sucre mais pas les boissons sucrées, ce qui ne fait pas de sens. Comme Coderre considère présentement envoyer les bouteilles d’eau à la retraite, il devra peut-être considérer ce qui s’en vient, Montréal qui se remplie de soda sucrés au lieu de bouteilles de plastique dans la poubelle.