La technologie au service des abeilles

Marc-André Roberge et Xavier Briey, cofondateurs

Qui aurait cru que pour de si petits insectes, de si importantes technologies pouvaient être déployées? Nectar l’a compris rapidement et s’y est affairé.

Lui-même apiculteur urbain, c’est d’abord en cherchant un moyen de mieux comprendre et d’assurer la survie de ses abeilles que Marc-André Roberge a eu l’idée de fonder Nectar avec son acolyte, Xavier de Briey, en août 2016. « Nous nous sommes rapidement entourés de mentors et cela nous a permis de ne pas faire trop d’erreurs, comme celle de s’imaginer qu’on peut tout faire soi-même. Rapidement, j’ai compris que nous devions greffer toute une équipe autour de notre projet et Evan Henry nous a rejoints en 2017. »

Après un an et demi de travaux, la startup technologique accouchait d’une technologie de détection à distance de la santé et du comportement des abeilles dans les ruches. Grâce à ce nouvel outil, les apiculteurs peuvent recueillir de précieuses informations sur leur population d’abeilles qui leur permettent de prendre soin des abeilles et de réagir à temps lorsqu’un problème se présente de façon à prévenir les pertes.

Nectar effectue actuellement des tests auprès de différents producteurs. Marc-André Roberge estime que le dispositif pourra être mis en marché en 2019. « Nous avons quelques clients amateurs, mais nous visons essentiellement les apiculteurs commerciaux avec qui nous avons fait plusieurs tests. Nous travaillons également avec les producteurs de légumes, de fruits et de noix qui dépendent de l’apiculture pour assurer la pollinisation de leurs cultures. Nous ne sommes pas là pour remplacer les apiculteurs, mais pour augmenter leur capacité à produire. Notre but ultime, c’est d’avoir un impact positif sur les opérations de nos clients. »

Nectar, qui a réussi à connecter une centaine de ruches, s’apprête ainsi à déployer dans les prochaines semaines une version finale de sa technologie qui est toujours en période de rodage. Les cofondateurs travaillent également sur le brevetage de leur technologie, mais comme l’explique Marc-André Roberge, l’essentiel de leur propriété intellectuelle se trouve dans l’algorithme de leur technologie, « leur sauce secrète ». « Comme le disait un de mes mentors, la meilleure façon de manger un éléphant, c’est d’en prendre une bouchée à la fois. Nous attendons que notre technologie conquière le marché.»

La mise en marché du produit devrait s’amorcer dans quelques mois. S’il mise d’abord sur les apiculteurs québécois, le jeune entrepreneur a aussi des visées dans le ROC et souhaite notamment conquérir le marché prometteur de l’Alberta, qui a lui seul compte 30 % de tous les producteurs de miel au Canada.

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Nectar, qui a pu bénéficier de l’appui du programme Founder Fuel lors de son démarrage, est actuellement aussi dans une ronde intensive de financement par équité. « Nous avons actuellement réussi à intéresser quatre investisseurs, mais souhaitons en rassembler davantage. Notre objectif est de 500 000 à 1 000 000 $ et nous avons presque atteint le demi-million. Donc, les choses vont bien. Nous cherchons du capital, mais si en plus nous pouvons aller chercher des gens qui comprennent notre marché comme c’est le cas actuellement, c’est idéal. »

Comme l’explique le cofondateur de Nectar, le financement est un enjeu central puisque le modèle par équité constitue à l’heure actuelle la seule option envisageable pour la startup. Le plus grand défi pour eux consiste à démontrer aux investisseurs le potentiel du projet pour les inciter à investir. « Nous sommes une jeune entreprise qui n’a pas encore fait ses preuves. Notre produit est nouveau dans le marché et nous ne pouvons pas garantir l’adoption de la technologie, ce qui constitue un risque pour les investisseurs pour lesquels nous n’avons pas de devoir de remboursement. Il faut être convaincants et démontrer tout le potentiel du produit et je crois que nous y parvenons assez bien. »

La compétition ? Marc-André Roberge estime que la compétition est un moteur stimulant en affaires qui les incite à se dépasser et à affirmer leur différenciation dans le marché. « Je pense que si tu n’as pas de compétition en affaires, ce n’est pas bon signe. Nous avons des compétiteurs en France, en Israël, aux États-Unis, en Chine, en Afrique du Nord et ailleurs, mais contrairement à eux qui proposent seulement des données brutes, nous sommes actuellement les seuls à offrir de l’analyse de données à partir d’une technologie abordable. »

L’avenir ? « Nous sommes convaincus que d’ici de 3 à 5 ans notre technologie sera bien intégrée dans le marché et que nous sommes les mieux positionnés pour faire cela. Nous avons trois étapes majeures à réaliser dans les 18 prochains mois. D’abord de finaliser la validation technologique pour s’assurer de la fiabilité du produit. La deuxième chose est la validation avec les centres de recherche et les apiculteurs pour valider leur retour sur l’investissement. Et finalement, nous devons tester l’adoption par le marché en définissant notre modèle de commercialisation de façon à s’assurer qu’il convient au marché. »