Élections provinciales: la transformation alimentaire oubliée!

Entrevue exclusive avec Sylvie Cloutier, présidente-directrice générale du Conseil de la transformation alimentaire et des produits de consommation (CTAC)

Suite aux débats des chefs en prévision de l’élection du 4 septembre prochain, l’industrie de la transformation alimentaire du Québec s’inquiète et se pose des questions.

L’actualité ALIMENTAIRE a rencontré Sylvie Cloutier, la présidente-directrice générale du CTAC, qui se désole du silence généralisé au sujet de la transformation et de l’agroalimentaire dans son ensemble :

« Le plus important secteur manufacturier au Québec en terme d’emplois et le deuxième par rapport au PIB est demeuré totalement absent dans cette campagne électorale. La CAQ a annoncé que si son parti était élu, elle mettrait de l’avant les recommandations du rapport Pronovost, le PQ a annoncé son appui à la souveraineté alimentaire (on reste dans son grand thème de campagne, soit la souveraineté) qui supporte directement le secteur agricole; et le PLQ a annoncé 15 millions de dollars sur cinq ans pour les circuits courts, encore une fois un appui direct à l’agriculture… Et finalement Françoise David a déclaré qu’au Québec nous aurions une production biologique !  Mais rien de spécifique pour la transformation d’aucun candidat !

Nous avons interpellé les principaux partis avant et pendant la campagne, mais personne ne nous est revenu avec un programme spécifique. Pourtant, tous ont été informés de nos revendications : reconnaissance officielle du secteur, financement et programmes à la hauteur de l’importance de l’industrie à l’économie du Québec, etc. Nous avons même tenté d’organiser un débat entre les portes paroles de principaux partis.  Le PQ et la CAQ ont répondu positivement, mais le ministre Corbeil n’a pas trouvé de temps pour y participer…»

Le CTAC a d’ailleurs fait parvenir aux médias un communiqué de presse, qui résume la situation et qui est un appel au dialogue avec le prochain gouvernement.

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Comment voyez-vous le prochain ministre ?

Nous aimerions que le prochain ministre responsable de notre secteur ait au moins un bagage économique et qu’il comprenne bien les enjeux industriels et manufacturiers !

Et les enjeux ?

L’industrie de la transformation alimentaire ne devrait pas être sous la tutelle du MDEIE et non plus du MAPAQ ?

C’est la demande que nous avons déjà fait aux cours des dernières années. Ce qui est important pour nous, c’est d’abord et avant tout d’avoir une synergie et une concertation entre les différents ministères qui traitent de nos dossiers (Environnement, Finances, Travail et Main d’œuvre, Développement économique, etc.) et que le secteur ait accès aux programmes offerts par le MDEIE.

Et le Livre vert ? Est-il mort et enterré et doit-on repartir de zéro ?

Si les Libéraux sont reconduits au pouvoir, j’imagine que les démarches autour du Livre vert se poursuivront. Il est certain qu’un nouveau gouvernement voudra remettre tout à sa main.  Donc ça risque d’être un nouveau départ, donc… un nouveau recul pour l’industrie. Nous croyons avoir déjà de bonnes recommandations avec le rapport Pronovost et le gouvernement devrait se contenter rapidement de les mettre de l’avant.

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Il est certain que tout le monde est en attente et en droit à se poser des questions. D’une manière ou d’une autre, comme le fait sentir Sylvie Cloutier, un nouveau gouvernement libéral minoritaire ou majoritaire augurerait un statuquo indésirable dans le contexte d’une industrie en pleine expansion et confronté de plus en plus à une concurrence sévère des pays en émergence sur le plan international. Un nouveau gouvernement péquiste ou caquiste, oar contre, serait synonyme de changement, de remise en question sinon de remise à zéro de bien des dossiers. Pour Sylvie Cloutier, « on risque une perte de temps et d’énergie ». Les candidats connaissent les doléances du CTAC, certains ont répondu à ses questions, d’autres non.

Sans prise de position, la présidente-directrice générale du CTAC attend et est prête à collaborer et à tendre la main à la prochaine équipe gouvernementale.

Pour rester concurrentielle, l’industrie de la transformation québécoise doit rester synonyme d’innovation, de qualité et de spécialisation technologique. Le prochain gouvernement devra tenir compte de ces enjeux cruciaux pour l’avenir de notre industrie. Suite et réponses à toutes nos questions le 5 septembre au matin…

Par Patrick Lesort