Les tendances alimentaires, un défi pour les agriculteurs

Les consommateurs d’aujourd’hui veulent de plus en plus d’aliments à valeur ajoutée : biologiques, enrichis, prêts à manger… et produits dans un environnement sain. Les producteurs agricoles ont tout intérêt à comprendre ces nouveaux enjeux s’ils veulent bien tirer leur épingle du jeu.

C’est un peu là l’esprit qui animait les conférences présentées cette semaine aux membres de l’Union des producteurs agricoles réunis à Québec.

«Ils sont au début de la chaîne de valeur, ils en font partie, c’est important qu’ils comprennent les besoins», souligne Johanne Labrecque, professeure en marketing à HEC Montréal, à propos des agriculteurs.

Dès le départ, dit-elle en entrevue, la production d’aliments doit tenir compte des nouvelles tendances, avec une attention accrue portée aux aspects environnementaux, à l’emballage, à la traçabilité.

L’alimentation est un domaine complexe, qui entremêle les besoins vitaux, la santé, les émotions, la dimension sociale, le plaisir, le réconfort. Les marchés sont tout aussi complexes, et il faut répondre à la fois aux demandes de masse et aux besoins plus pointus, avec des produits de niche.

Parmi les nouvelles considérations, nul doute que le vieillissement de la population vient et viendra marquer un virage dans la demande. Y compris pour celle du «manger mou»!

Faire preuve de transparence

L’augmentation des allergies alimentaires, au lactose et au gluten par exemple, la demande pour des aliments enrichis, aux oméga-3, aux stérols ou autres nutriments, l’intérêt croissant pour des plats allégés en sel, en sucre ou en gras sont toutes des tendances bien installées, et l’industrie est montée dans le train. Il faut toutefois qu’elle fasse preuve de transparence, avec des allégations vérifiables, dit Mme Labrecque.

Ce qui ne va pas changer non plus, c’est que les gens ont de moins en moins de temps pour cuisiner la semaine, et veulent des mets pratiques, faciles à transporter (quand on mange sur le pouce!), et sains.

Multiculturalisme

Le multiculturalisme est un autre élément majeur influençant l’industrie agroalimentaire québécoise et canadienne. Au Québec, plus d’un million de personnes sont issues de l’immigration, soit quelque 360 000 ménages. Déjà, bien des agriculteurs l’ont compris et se sont mis à la culture du bok choy et autres légumes exotiques. La demande pour la viande halal est forte, a souligné un participant.

Selon Christian Bourque, de Léger Marketing, le Canada est un marché mature qui, en s’enrichissant, «exige une qualité plus grande et une plus grande spécialisation».

La recherche joue un rôle fondamental dans cette mouvance, dira Alain Houde, du Centre de recherche et de développement des aliments (Agriculture et agroalimentaire Canada). Par exemple, diminuer la quantité de sel dans la composition d’un mets préparé a un effet sur les procédés de fabrication, sur les propriétés de l’aliment, sur son goût…

Devant les nouveaux défis qui se posent, la nutritionniste Marie-Josée Leblanc, d’Extenso (Université de Montréal), estime que le retour à la base, avec des aliments les plus nature possible, «fait partie de la solution». Voilà qui a de quoi encourager les agriculteurs…

 

Source: Cyberpresse