La population est prête pour un déploiement à grande échelle
Équiterre dévoile aujourd’hui les résultats de son étude portant sur des solutions pour réduire les emballages chez les détaillants en alimentation au Canada. Ceux-ci permettent de dégager un grand constat : l’offre zéro déchet est une solution collective qui peut, et doit, être déployée rapidement.
L’étude, menée de mai 2021 à décembre 2023, se concentre sur les réalités des épiceries et de l’industrie des emballages et de la distribution alimentaire. Un sondage a également été mené auprès de la population canadienne pour mieux comprendre ses comportements et ses préférences.
Le rapport contient plusieurs recommandations, incluant des mesures législatives, pour accélérer la transition vers une offre zéro déchet chez les détaillants alimentaires au Canada. Trop souvent, le suremballage prend le dessus sur l’emballage nécessaire au produit pour le conserver. Il faut s’attaquer en priorité au suremballage et c’est là où le déploiement de l’offre zéro déchet produira son impact le plus positif.
Une fausse résistance au changement
Du côté de l’industrie, on souligne que les obstacles sont nombreux pour accéder à une réelle offre zéro déchet, tant au niveau de la production que de la distribution des aliments. En effet, l’implantation d’une telle pratique implique de profonds changements logistiques.
Toujours selon les parties prenantes de l’industrie, rencontrées dans le cadre de l’étude, l’adhésion de la population serait le principal frein au changement. Or, un sondage pancanadien mené par Équiterre révèle que 40,6 % de la population canadienne applique déjà des pratiques zéro déchet, principalement pour les fruits et légumes (54 %), les aliments secs (35 %) et les produits frais (35 %). La population a donc déjà entamé la transition. Comme la grande majorité de la population (78 %) fait son épicerie dans les grandes surfaces, se tourner vers le zéro déchet représenterait donc une opportunité de croissance pour les détaillants en alimentation du Canada, et non une menace.
« On ne peut pas compter sur l’industrie pour changer les pratiques puisque, sans contraintes légales et réglementaires, on constate une absence de résultats. La pandémie de COVID-19 a eu le dos large pour faire reculer sur certaines pratiques qui étaient en cours d’implantation, il est maintenant temps de les remettre en place rapidement. » Affirme Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre
Une pratique établie depuis plus de 200 ans
Certaines offres zéro déchet existent depuis des décennies. Un des exemples connus est celui des contenants à remplissages multiples de bière, qui a été implanté au Québec en 1808. Or, faute de soutien, celui-ci s’effrite à vitesse grand V. Alors qu’en 2009, au Québec, 83 % des bières étaient embouteillées dans des contenants en verre réutilisables, cette proportion a chuté jusqu’à atteindre 32 % en 2017 et continue de diminuer.
« Pour obtenir des résultats à court terme, des objectifs chiffrés et contraignants doivent être adoptés. La France est un exemple à suivre en la matière et plusieurs mesures seront implantées au courant des prochaines années, dont l’obligation pour les détaillants en alimentation de plus de 400 m2 de dédier 20 % de leur surface à la vente en vrac en 2030. » – Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre
Pour Équiterre, il est évident que l’offre zéro déchet gagnerait à s’étendre à d’autres types d’offres alimentaires, plus particulièrement dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et des institutions. Les opportunités de mettre en place des systèmes de contenants et emballages réutilisables y sont nombreuses et faciles à saisir.
La population est mûre pour voir l’offre zéro déchet s’élargir et être implantée à grande échelle, il est maintenant temps pour les détaillants en alimentation de suivre le mouvement.
