Pêches et Océans Canada asphyxie les entreprises d’ici

13 septembre 2023

Pêches et Océans Canada (MPO) improvise en matière de réglementation de la cueillette des algues et cela asphyxie la relève entrepreneuriale d’ici. C’est ce que soutient Antoine Nicolas, biologiste et propriétaire d’Un Océan de saveurs, une entreprise qui se spécialise dans la cueillette et la commercialisation des algues. « Au MPO c’est l’arbitraire et le flou qui règnent. Il n’y a aucune transparence et une indifférence complète envers les entreprises qui veulent développer de nouveaux produits marins. La réglementation sur les algues met en péril la survie de mon entreprise et brise l’élan de toute la filière algue au Québec », affirme l’entrepreneur de Gaspé.

Le MPO applique une réglementation intransigeante et sans véritable fondement scientifique en matière de cueillette des algues. Actuellement, aucun arrachage accidentel n’est toléré. La marge d’erreur est de 0%. Cette situation expose systématiquement les cueilleurs à des constats d’infraction. Or, l’arrachage accidentel est inévitable. Surtout, cela ne semble aucunement compromettre la reproduction des populations, selon un rapport d’expertise réalisé par Eric Tamignaux, professeur en algoculture à l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec (EPAQ).

L’angoisse est palpable chez Un Océan de saveurs. « L’automne est une période de récolte très importante pour les cueilleurs d’algues », explique Antoine Nicolas. « Le chaos du MPO rend nos plongeurs vulnérables. Ils risquent de recevoir d’autres amendes. Je suis plus stressé par l’idée de tomber sur agent du MPO en mer que d’aller à la recherche d’une personne disparue. Tout ça compromet gravement la viabilité de mon entreprise », déplore le propriétaire de l’entreprise dont la zone d’exploitation a déjà été amputée par Pêches et Océans Canada pendant son arrêt maladie, sans explication valable et contre son gré.

Cette situation force l’entrepreneur à déplacer ses activités de récoltes au Nouveau-Brunswick où l’application de la réglementation est moins sévère. Antoine Nicolas s’explique mal les deux poids deux mesures entre le Québec et les autres provinces. Il faut également comprendre que les algues sont attachées au fond marin qui est sous la juridiction du Québec. Lorsque le gouvernement fédéral avait repris la gestion des pêches en 1984, Ottawa avait justifié son intervention par la nécessité d’avoir un arbitre entre les provinces. Dans cette affaire, l’arbitrage joue clairement en défaveur de l’autonomie alimentaire du Québec. « Tout ce que je souhaite, c’est de pouvoir poursuivre mes activités en Gaspésie et de contribuer au développement de l’économie québécoise. Une intervention rapide des pouvoirs publics s’impose, sans quoi je risque de devoir cesser complètement mes activités au Québec. Force est d’admettre que nous avons substitué l’arbitrage à l’arbitraire », a-t-il conclu.

 

Fiche complémentaire au communiqué : ici

Rapport par Éric Tamigneaux : ici