Des Innovations inspirantes en écoconception d’emballages

Avec son équipe spécialisée en écoconception et en économie circulaire, Éco Entreprises Québec (EEQ) a un regard affûté et réactif sur les tendances émergentes partout dans le monde en matière d’emballages aussi efficaces qu’écoresponsables. La directrice Geneviève Dionne et la conseillère Marie-Christine Thibault ont profité des Journées Dux pour partager le fruit de leur veille et souligner des nouveautés en écoconception qui pourraient servir d’étincelles vers des modèles d’affaires innovants. Par Pascale Lévesque 

“Nous avons choisi de présenter des tendances articulées autour des quatre axes de l’écoconception qui sont l’approvisionnement responsable, la conception optimisée de l’emballage, la gestion de fin de vie utile et, finalement, la communication”, expose Geneviève Dionne.  

L’intégration de matières recyclées aux matériaux utilisés continue d’être une tendance lourde que veulent suivre les entreprises qui visent l’écoconception. De plus en plus d’entreprises sont même prêtes à prendre des engagements publics en ce sens. Le souci d’atteinte de cet objectif donne également lieu à des initiatives de coopération pour optimiser et développer les pratiques en la matière comme le Consumer Goods Forum à l’international ou Groupe d’action plastique circulaire (GAPC) ici au Québec.  

Que ce soit la mayonnaise Hellmann’s en Amérique du Nord ou Intermarché avec son lait de marque Pâturages en France, de plus en plus de transformateurs font non seulement le pari d’un emballage 100% fait de plastique recyclé mais ils emmènent leurs clients avec eux dans la démarche.  

“L’utilisation de rPET (polyéthylène téréphtalate recyclé) est complètement assumée et est même mise en valeur dans la communication, ajoute Geneviève Dionne. Les entreprises disent même à leurs clients qu’il est normal qu’ils trouvent peut-être le contenant grisâtre car c’est la couleur de la résine recyclée. Dans le cas du lait Pâturages, la bouteille est carrément grise et opaque, une caractéristique qui l’aide à préserver le produit. On explique même que cette couleur vient du fait que l’on n’utilise pas d’agents de blanchiment, ce qui est vu comme un bénéfice. ” 

Résidus et envahissants à la rescousse! 

L’inclusion dans les emballages de matériaux émergents comme des fibres provenant de résidus agricoles non-comestibles ou d’espèces envahissantes exotiques comme la renouée du Japon, très présente au Québec, est une autre de tendances sur le radar des expertes d’EEQ.  

En plus de la finalité de l’impact environnemental, le processus visé par le transformateur doit être au cœur de l’élaboration du modèle d’affaires entourant l’emballage. “Quand on parle de recyclabilité, on vise une économie circulaire dans laquelle on souhaite une deuxième ou une troisième vie pour la matière qui sent à fabriquer l’emballage et qui sera récupérée tandis que lorsque l’on parle d’emballage compostable, l’approche est davantage linéaire car le compost sera la dernière vie de l’emballage. Comme un emballage de fibres peut avoir jusqu’à sept vies, il faut privilégier la recyclabilité avant la compostabilité, surtout qu’il existe souvent des dichotomies entre les conditions requises pour la compostabilité d’un emballage et celles offertes actuellement dans l’industrie du compostage. “ 

Elles citent en exemple le retrait des fenêtres de pellicule plastique des boîtes de pâtes Barilla en Europe pour assurer que les boîtes soient 100% en carton et, ainsi, entièrement recyclable. 

Au-delà de la recyclabilité et de la compostabilité, la réutilisation des emballages est aussi un objectif à viser selon nos deux spécialistes.  

“La laiterie La Pinte en Estrie vend du lait et de la crème dans des contenants de verre qui sont retournés en magasin et remplies jusqu’à 30 fois, Les bouteilles sont sérigraphiées plutôt qu’ornées d’une étiquette collée pour faciliter leur réutilisation et leur recyclage en fin de vie,” relate Geneviève Dionne. 

La consigne à l’ère du commerce électronique 

Si ce modèle bouteilles de verre à utilisation multiple s’inspire directement de la consigne que nous sommes habitués de voir, par exemple, pour la bière, d’autres modèles d’emballages réutilisables s’installent et profitent de nouvelles conditions de marché.  

“La popularisation du commerce électronique force les entreprises à repenser leurs emballages secondaires et tertiaires pour qu’ils soient plus efficaces, explique Geneviève Dionne. Par exemple l’entreprise finlandaise RePack est présente partout dans le monde avec un système d’enveloppes à velcro réutilisables pour les envois de colis qui sont ensuite retournées dans un centre de distribution pour être réutilisées. “ 

Garçon Wines, dont les flasques de plastiques permettent la vente par correspondance de vin dans un emballage assez plat pour passer dans une fente aux lettres a aussi été cité en exemple.  

Faire rimer vrac et marques 

Bien entendu, la mouvance zéro-déchet amène le monde alimentaire à améliorer son offre pour le vrac et les contenants remplissables par les clients. Et les autres objectifs atteints habituellement par l’emballage comme la communication ne sont pas pour autant mise de côté. “De grandes marques comme Kellogg’s avec les céréales, Unilever avec du thé, Danone avec du yogourt ou Nestlé avec du café soluble, indique Geneviève Dionne. Les procédés de distribution qui utilisent des écrans tactiles pour contrôler les silos distributeurs de produits. Les objectifs premiers sont d’éviter les manipulations, réduire les pertes et la contamination. Cela dit, si le vrac et les marques n’ont pas toujours fait bon ménage, on voit de plus en plus d’efforts qui permettent aux clients de remplir leurs propres contenants tout en offrant la possibilité de mettre les marques de l’avant. “ 

En fait, si un sentiment demeure à la fin de cette conférence, c’est celui de déjà avoir hâte aux prochaines Journées Dux pour que les expertes d’Éco Entreprises Québec nous disent lesquelles de ces innovations en emballages ont su prendre racine et quelles autres elles ont pu inspirer!   

Source L’actualité ALIMENTAIRE