Ferme des Voltigeurs : 60 ans d’innovation

Aînée d’une famille de 10 enfants, c’est par hasard que Denise Turcotte s’initie au monde des affaires à 17 ans alors qu’elle remplace sa tante à son kiosque du Marché public de Drummondville. Deux semaines plus tard, elle démarre sa propre affaire et jette ainsi les bases de la Ferme des Voltigeurs. | Par Thérèse Garceau

Déterminée à réussir, Denise Turcotte loue rapidement son propre local de 8 pieds carrés au marché public de Drummondville. Nous sommes en 1958. Elle vend alors une dizaine de poulets frais par semaine qu’elle achète des producteurs locaux. Elle les apprête elle-même dans une micro-usine de transformation, située dans la maison familiale.

En 1963, Denise Turcotte épouse Georges Martel. Le nouveau marié s’implique rapidement dans les activités de l’entreprise. Le jeune homme propose alors de faire l’élevage de volailles sur la terre familiale et d’y installer un abattoir.

En 1965, les affaires vont bon train et le couple donne naissance à Dominique, le premier d’une fratrie de 4 enfants. Les nouveaux parents s’installent dans une nouvelle maison et aménagent les installations d’abattage dans le sous-sol familial.

La même année, les Turcotte-Martel décident de devenir eux-mêmes producteurs de volailles. Un premier poulailler est alors construit à côté de la maison familiale.

La naissance de la Ferme des Voltigeurs

Au début des années 1970, l’entreprise familiale lance sa dénomination Ferme des Voltigeurs. « On s’est dit que le nom Voltigeurs rappelait le Parc des Voltigeurs à Drummondville. Il était aussi en lien avec la volaille, les oiseaux. Aujourd’hui, on sait qu’on a fait le bon choix », souligne Dominique Martel.

En 1974, devant l’augmentation de la demande, l’entreprise se trouve à la croisée des chemins. Elle investit donc dans la construction d’un nouvel abattoir de catégorie B. Celle-ci ne lui permet que la vente directe aux consommateurs et en marchés publics, excluant les restaurants et les boucheries.

Cinq ans plus tard, l’entreprise abat près de 50 000 poulets par année. Elle agrandit et modifie ses installations pour se conformer aux normes québécoises d’inspection. Elle se voit octroyer le droit de distribuer ses produits partout au Québec.

Du poulet meilleur pour la santé

En 1985, l’entreprise choisit d’innover et de se lancer dans une production végétale, sans substitut ou sous-produit animal. Cette décision viendra positionner la marque comme produit à valeur ajoutée et marquer définitivement sa croissance dans le marché.

Du coup, la Ferme des Voltigeurs s’inscrit désormais dans une classe à part de producteurs. Un élément de différenciation qui non seulement séduit une toute nouvelle niche de consommateurs mais qui s’inscrit dans une démarche d’offrir une viande plus savoureuse, de qualité supérieure et meilleure pour la santé. « Passer de l’élevage de poulet conventionnel à l’élevage au grain fut déterminant pour assurer l’essor de notre mise en marché. Ça nous a permis de nous différencier des grands joueurs en offrant un produit aux qualités nutritionnelles supérieures, un poulet plus en chair, moins gras. Cela s’inscrivait dans l’esprit et la vision de mes parents », affirme le président- directeur général, Dominique Martel.

De fil en aiguille d’autres poulaillers furent construits et la Ferme adopta la méthode de refroidissement à l’air, plutôt qu’à l’eau, un procédé qui rend la viande plus ferme tout en réduisant la perte de volume.

En 1986, la Ferme des Voltigeurs procède à son incorporation. Dominique Martel devient officiellement actionnaire de l’entreprise aux côtés de ses parents. Formé à l’ITA de St-Hyacinthe, son frère Bernard se joint à la compagnie en 1990. Nathalie et le cadet George Jr, intégreront beaucoup plus tard l’entreprise. George supervise aujourd’hui la commercialisation des points de vente de l’entreprise. Nathalie, qui a quitté les opérations, est aujourd’hui propriétaire du kiosque Ferme des Voltigeurs au Marché public de Drummondville.

Metro et IGA au cœur de l’expansion

Les années 1990 marquent l’arrivée des poulets de la Ferme dans les supermarchés IGA et Metro. En 1998, l’entreprise qui vend déjà des pâtés au poulet et d’autres produits cuisinés depuis une dizaine d’années, diversifie ses activités en aménageant une cuisine pour transformer son poulet en une grande variété de produits qu’elle vend au comptoir directement à la ferme.

Après un nouvel agrandissement de ses installations en 2004, la Ferme ouvre l’année suivante un premier magasin ouvert sept jours par semaine.

Soucieux d’élargir la portée de son marché et de rencontrer les plus hauts standards de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, la Ferme obtient sa certification HACCP en 2006. En 2008, l’entreprise lance la gamme de poulet biologique.

En 2010, l’entreprise acquiert l’appellation Poulet nourri de grain végétal, sans sous produit animal, une certification Agro-Com délivrée par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ). Cette même année, la Ferme des Voltigeurs agrandit de nouveau ses installations. Elle inaugure un deuxième magasin. En 2014, l’abattoir acquiert sa certification SQF, une norme de qualité internationale.

En 2016, l’entreprise modernise et agrandit de nouveau son usine. Cet agrandissement qui assure la croissance de l’entreprise pour les années à venir, a d’ailleurs permis de conclure, en mars 2017, une entente avec Metro pour l’approvisionnement en poulets de grain et biologiques, offerts sous les marques Irresistibles Naturalia et Irresistibles Biologique dans les comptoirs de viande de tous les Metro et Metro Plus au Québec.

Le consommateur au cœur de l’innovation

Soixante ans après sa fondation, la Ferme des Voltigeurs compte aujourd’hui 200 employés. Elle est toujours guidée par ses valeurs familiales de proximité avec sa clientèle et ses employés. La ferme reste fidèle à sa mission de produire et de commercialiser des volailles de qualité supérieure avec des pratiques d’élevage de hauts standards et une offre qui réponde aux exigences des consommateurs. Elle produit annuellement près de quatre millions et demi de poulets de grain et biologiques. Si l’entreprise est aujourd’hui bien positionnée dans la production de volaille fraîche au Québec, notamment chez IGA et Metro, Dominique Martel n’exclut pas un plus grand développement du côté des produits transformés dans les prochaines années.