La pandémie n’a pas eu d’effets négatifs sur le marché des terres

Le rapport de Financement agricole Canada (FAC) sur la valeur des terres en 2020 qui vient tout juste d’être publié indique clairement que la COVID-19 n’aura pas eu d’incidence sur le marché des terres agricoles du Canada et du Québec. Par Michel Therrien

« Au Québec, on remarque au contraire une augmentation de la valeur des terres », a indiqué d’entrée de jeu Jean-Philippe Gervais, économiste en chef de FAC. Et la solidité et la stabilité du marché ont été remarquées d’un bout à l’autre du pays,

Ainsi, FAC a pu observer que la valeur moyenne des terres agricoles du Canada avait augmenté de 5,4 % en 2020, une hausse légèrement supérieure à l’augmentation de 5,2 % qui avait enregistrée en 2019.

Les terres québécoises valent leur pesant d’or

Si l’Ontario et le Manitoba arrivent en bas de peloton avec des hausses respectives de la valeur de terre de 4,7 % et 3,6 %, la Colombie-Britannique et le Québec se son illustrées avec les hausses les plus importantes de l’année qui vient de se conclure avec des hausses moyennes respectives de 8 % et de 7,3 %.

Jean-Philippe Gervais explique que la forte demande des terres agricoles et les faibles taux d’intérêt ont fait la popularité des terres québécoise. À ce sujet, l’économiste précise que cette hausse n’est certes pas négligeable au fait que les maraîchers et les producteurs de grains de la province ont connu des hausses de revenus durant la dernière année. Celui-ci prévoit d’ailleurs que la hausse du prix des terres continuera à croître pendant les deux premiers trimestres de 2021.

La valeur des terres explose en Estrie

Comme le montre le tableau, c’est en Estrie, avec une moyenne de 32%, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, avec une hausse de 20% et dans le Bas-Saint-Laurent, avec une hausse de 18%, que le prix des terres à exploser.

En contrepartie, en Montérégie et au Centre-du-Québec, on observe une variation nulle de la valeur des terres indiquant une activité d’achat normale et un marché stable.

Lorsqu’interrogé à savoir si la folie du marché immobilier actuel avait pu avoir une incidence sur l’augmentation du pris des valeurs des terres au Québec, Monsieur Gervais a indiqué que sa spécialisation ne lui permettait pas une réponse formelle en ce sens. « Il est toutefois possible que certains citadins aient eu un certain intérêt de quitter la ville pour s’acheter un petit lot à la campagne. »

Semer la prévention

En terminant, Monsieur Gervais laisse savoir que les producteurs devraient établir et tenir à jour un plan de gestion du risque qui tient compte des changements économiques possibles, en s’assurant d’avoir un budget laissant une marge de manœuvre, en cas de fluctuation du prix des produits agricoles, des rendements ou des taux d’intérêt. Selon lui, ceux-ci doivent faire preuve de prudence, en particulier dans les régions où le taux de croissance de la valeur des terres agricoles a dépassé celui de revenu agricole au cours des dernières années. « La pandémie a fait ressortir l’importance de disposer d’un plan de gestion du risque exhaustif qui englobe tous les secteurs de risque : la production, le marketing ainsi que les ressources financières, juridiques et humaines. Les exploitants agricoles doivent avoir la capacité financière de protéger leur exploitation des répercussions possibles des risques auxquels ils n’ont peut-être pas pensé. Les fluctuations dans les prix des produits agricoles et dans les taux d’intérêt et/ou les variations imprévues dans la production peuvent réduire la capacité de protéger et de constituer des fonds propres au sein de l’exploitation et de couvrir adéquatement les besoins en trésorerie », indique-t-il en ajoutant que compte tenu de l’incertitude de l’environnement économique, il recommande aux agriculteurs, aux éleveurs et aux transformateurs alimentaires de continuer d’évaluer en détail leurs investissements.