La petite histoire de grandes personnes : composer avec la COVID-19 et y survivre

Première partie : Présentation et Isabelle Huot

Grâce aux divers médias et aux multiples moyens de communication, toute la planète est branchée, connectée et informée en ce temps de crise mondiale. Nous sommes inondés par les informations factuelles concernant la santé, la science, l’économie, les politiques et j’en passe. Cela nous a donné l’envie de prendre des nouvelles de ceux qui, de près et de loin, s’investissent jour après jour dans la filière agroalimentaire. Nous avons souhaité, pendant cette pandémie, prendre des nouvelles de quelques-uns de ces HUMAINS et leur demander comment ils vivent cette pandémie. | Par Lise Gallant

Neuf personnes œuvrant dans le secteur agroalimentaire ou dans des secteurs supportant ce dernier ont été interviewées.
Aujourd’hui, vous pourrez lire leurs propos rapportés un mois après le début de la crise dans la première entrevue d’une série de quatre entrevues qui seront réalisées après la déclaration de l’état d’urgence par le gouvernement québécois vers la mi-mars 2020. Les trois autres entrevues seront réalisées en juin, en septembre 2020 ainsi qu’en mars 2021, soit respectivement 3, 6 et 12 mois après le début.

Afin de prendre le pouls de la situation, nous avons réalisé des entrevues un peu ludiques, histoire d’alléger le climat fort lourd entourant les circonstances. La même grille d’entrevue sera déployée dans le temps afin de nous permettre d’observer les changements ressentis et vécus par nos participants.

Finalement, ce sont ces brefs récits qui nous permettront d’écrire les quelques premières pages de l’histoire de chacun de ces HUMAINS qui composent avec la COVID-19 dans une industrie jugée essentielle. Nous vous offrons ces mots qui viennent du cœur, la spontanéité et la générosité de toutes ces personnes. Nous aimerions remercier (par ordre alphabétique) : Bryce, Isabelle, Luc, Lyne, Marie, Marie-Claire, Nicolas, Pascal et Pierre pour leur participation et leur vivacité d’esprit. Vous êtes curieux de découvrir qui sont ces personnes et comment elles composent avec la crise et y survivent, alors ne vous arrêtez pas ici. Bonne découverte !

Aujourd’hui, nous débuterons le tout avec le témoignage d’Isabelle Huot.

Isabelle Huot

Je suis docteure en nutrition et présidente de Isabelle Huot, une entreprise qui se spécialise dans la production et la commercialisation en ligne et en magasin de prêts-à-manger, d’épices, de collations santé, de céréales et de tartinades. Nous comptons cinq employés et des collaborateurs.
Mes réflexions personnelles

Mon état d’être actuel se résume ainsi : fébrile.

La plus grande révélation sur moi-même depuis le 13 mars, c’est que j’apprécie d’avoir un programme d’activités sociales réduit, voire inexistant, et que j’aime me retrouver à la maison en soirée avec mon amoureux.

Disposer de plus de temps avec mon amoureux pour pratiquer mon tasting, découvrir et déguster de bons vins, ça fait bien mon bonheur ces jours-ci. En plus, j’ai du temps pour cuisiner, c’est la totale.

Ma plus grande angoisse en ce moment, c’est l’isolement des personnes fragiles et plus à risque.

Si j’avais une baguette magique, je ferais apparaître un vaccin pour qu’on puisse s’immuniser contre le coronavirus.

Si j’avais une baguette magique, je ferais disparaître l’isolement et la solitude des gens en fin de vie aux soins palliatifs.

Ma pensée positive du jour : je suis reconnaissante de pouvoir compter sur la polyvalence de mon équipe.

Dans ma vie privée, la COVID-19 m’a justement permis de redécouvrir et d’apprécier ma vie privée.

Dans ma vie professionnelle, la COVID-19 m’oblige et à la fois me donne l’occasion de passer à l’informatisation des processus pour améliorer toute la logistique.

Ce que j’espère de plus positif après la COVID- 19, c’est que les commerces se relèvent tous et deviennent plus forts.

Mes réflexions sur le business

Mon business est affecté par la COVID-19 : plus de ventes en ligne et moins en épicerie.

Ma production en usine a beaucoup augmenté, elle est passée de 8 heures à 24 heures. Côté ventes et revenus, il y a des plus et des moins, mais les marges sont encore dans le positif.

Ce sur quoi je « focusse » le plus aujourd’hui, c’est la logistique et la rentabilité.

Ce qu’il y a de positif pour mon business aujourd’hui en quelques mots : croissance des ventes en ligne, polyvalence de l’équipe, disponibilité.

Achat local, commerce local : les retombées pour mon business sont intéressantes, cela nous rend plus autonomes.

La survie de mon business après la COVID-19 est assurée avec mon commerce électronique, qui représente 68 % de mes ventes. J’ai été une des pionnières du ecommerce en agroalimentaire, j’y opère depuis 2011 et c’est mon premier business.

Ce que j’imagine de plus différent dans six mois, voire un an, c’est de travailler à maintenir la clientèle que je viens d’acquérir.

Ma ressource la plus précieuse aujourd’hui, c’est la fidélité de mes employés.

Si je dois définir le climat de travail en quelques mots, je dirais alors : tous sur l’adrénaline, donnons notre 300 %, ressentons l’urgence.

Ce que je fais de différent dans mon business depuis le début de la crise et qui va s’en doute rester, c’est la réduction du « social ».

Je veux aussi continuer à mettre l’accent sur la logistique et toujours, toujours avoir un plan B.

Ma bonne nouvelle aujourd’hui, je dirais que c’est que nous testons de nouveaux repas ce midi et que nous en prévoyons le lancement cet automne.

Sur une bonne note, j’aimerais dire à mon équipe : « Merci pour votre dévouement et votre passion, merci d’être là ! »