Deuxième partie : Luc Cusson et Bryce Patriquin.

Nous poursuivons la série d’entrevues avec neuf personnes œuvrant dans le secteur agroalimentaire ou dans des secteurs supportant ce dernier afin de prendre le pouls de la situation. Ces entrevues ont été réalisées au début de la crise. | Par Lise Gallant

Luc Cusson

Je suis vice-président ingénierie et développement des affaires chez Frare & Gallant, une entreprise de construction et de gestion de projets spécialisée dans le secteur agroalimentaire. Nous comptons 95 employés.

Mes réflexions personnelles

Mon état d’être actuel se résume ainsi : réactif.

La plus grande révélation sur moi-même depuis le 13 mars, c’est ma capacité de résilience.

Passer du temps avec mes proches à la maison, au téléphone, en visioconférence, c’est ce qui fait mon bonheur ces jours-ci.

Ma plus grande angoisse en ce moment, c’est que nos parents, nos aînés soient affectés.

Si j’avais une baguette magique, je ferais apparaître des médicaments.

Si j’avais une baguette magique, je ferais disparaître l’inquiétude qui plane.

Ma pensée positive du jour : il faut être confiant, c’est encourageant.

Dans ma vie privée, la COVID-19 a transformé mes relations sociales, le contact humain.

Dans ma vie professionnelle, la COVID-19 a transformé l’organisation de mon travail ; j’apprends à faire les choses autrement.

Ce que j’espère de plus positif après la COVID- 19, c’est que la société devienne plus solidaire et plus respectueuse d’autrui.

Mes réflexions sur le business

Mon business est affecté par la COVID-19, ce qui a principalement changé, c’est que les chantiers sont fermés. Frare & Gallant entrevoit tout de même un retour en force, car nous desservons principalement le secteur agroalimentaire, qui est considéré comme essentiel.

Les chantiers sont fermés à l’exception de quelques urgences en milieu hospitalier et certaines usines agroalimentaires. Il nous a fallu réduire considérablement les effectifs. Donc, ni la productivité ni les revenus ont augmenté.

Ce sur quoi je « focusse » le plus aujourd’hui : consacrer du temps et prioriser les projets mis sur « hold » et faire un peu d’introspection en mettant à jour certains dossiers.

Ce qu’il y a de positif pour mon business aujourd’hui en quelques mots : plus de temps, poursuivre le travail avec le télétravail, efficacité en faisant autrement.

Nous avons toujours investi dans l’agroalimentaire au Québec et même ailleurs au Canada, nous devrions être affectés positivement. Nous sommes pour l’économie locale, autant en ce qui concerne la main-d’œuvre que l’approvisionnement des matériaux et services.

La survie de mon business après la COVID-19 est assurée. Notre principal créneau, c’est l’agroalimentaire.

Ce que j’imagine de plus différent dans six mois, voire un an, c’est la reconnaissance, je pense que l’on va plus apprécier notre travail, se compter chanceux d’être investis dans l’agroalimentaire et on aura un plus grand esprit d’équipe.

Ma ressource la plus précieuse aujourd’hui, c’est toute l’équipe qui travaille ensemble en mode solution.

Si je dois définir le climat de travail en quelques mots, je dirais alors : mode team building, belle appropriation des rôles, action-réaction.

Ce que je fais de différent dans mon business depuis le début de la crise et qui va s’en doute rester, c’est le télétravail. Je réalise qu’il ne faut jamais tout tenir pour acquis. Reconnaissant que nous soyons hyper structurés et que nous ayons un plan d’urgence, un plan B. Il faut savoir gérer les imprévus pour survivre financièrement et maintenir le fonds de roulement.

Ma bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que je travaille avec une entreprise reliée au secteur agroalimentaire qui pourrait voir le jour pendant cette crise.

Sur une bonne note, j’aimerais dire à mon équipe : « Confiance ! »

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Bryce Patriquin

Je suis président de Les gars de saucisse, une entreprise de transformation et de distribution spécialisée en production de saucisses surgelées fabriquées à partir de produits frais et locaux. Nous comptons 25 employés.

Mes réflexions personnelles

Mon état d’être actuel se résume ainsi : je me sens fatigué.

La plus grande révélation sur moi-même depuis le 13 mars, c’est que je suis un gars très pro-actif.

Pas de congestion et pas trop de circulation sur les routes, ça fait mon bonheur ces jours-ci.

Ma plus grande angoisse en ce moment, c’est de penser qu’un membre de mon équipe ou de ma famille pourrait tomber malade.

Si j’avais une baguette magique, je ferais apparaître ma nouvelle usine aujourd’hui.

Si j’avais une baguette magique, je ferais disparaître la COVID-19 aujourd’hui.

Ma pensée positive du jour : on va passer une belle journée.

Dans ma vie privée, la COVID-19 a « scrappé » ma saison de ski de printemps.

Ce que j’espère de plus positif après la COVID-19, c’est que tous les Québécois se réunissent autour d’un barbecue pour faire griller des saucisses !

Dans ma vie professionnelle, la COVID-19 m’a permis de peaufiner notre plan d’urgence.

Mes réflexions sur le business

Mon business est affecté par la COVID-19, surtout toute l’organisation du travail avec les mesures imposées par la crise.

Comme j’ai un produit facilitateur et très en demande, la production a augmenté en nombre d’heures et, fort heureusement, les revenus ont suivi.

Aujourd’hui, je « focusse » le plus sur la sécurité alimentaire.

Ce qu’il y a de positif pour mon business aujourd’hui en quelques mots : les revenus sont en hausse, mon équipe est motivée et nous sommes plus disciplinés dans l’ensemble.

Ma ressource la plus précieuse aujourd’hui, c’est ma main-d’œuvre, mon équipe.

La survie de mon business après la COVID-19 dépend de ma capacité à continuer à m’approvisionner localement et de la santé de mon équipe.

Ce que j’imagine de plus différent dans six mois, voire un an, c’est l’ouverture sur d’autres marchés pancanadiens et possiblement de l’institutionnel.

Si je dois définir le climat de travail en quelques mots, je dirais alors : positivisme, motivation, sécurité.

Ce que je fais de différent dans mon business depuis le début de la crise et qui va s’en doute rester, c’est sur le plan de la distribution et de la livraison : les mesures de sécurité et de salubrité vont rester.

Ma bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que toute mon équipe est présente et en santé – NO
STRESS.

Sur une bonne note, j’aimerais dire à mon équipe : « Catch some rays today! »