L’avenir de l’alimentation : de nouvelles réalités pour l’industrie – partie 5

À la base de ces changements rapides se trouvent des facteurs du macro-environnement qui influencent la façon dont le monde produit, distribue, achète, vend et consomme la nourriture. La croissance démographique mondiale, qui devrait dépasser 20 %, et le passage de la vie rurale à la vie urbaine augmenteront la demande de futurs stocks alimentaires ainsi que de chaînes d’approvisionnement plus courtes et plus efficaces.

Des sources de nourriture entièrement nouvelles

Les protéines de substitution telles que les pois, la levure, les insectes et les algues offrent des gains d’efficacité substantiels par rapport aux ingrédients exclusive- ment d’origine animale. La viande et les produits laitiers nécessitent actuellement d’importants apports de céréales et d’autres ressources pour un gain calorique relativement faible. Aux États-Unis, les animaux consomment 95 % de l’avoine produite et 80 % du maïs.

L’énergie du cycle de production est trop élevée.

Par exemple, un œuf de poule a un rapport d’efficacité énergétique de 39 : 1, ce qui signifie que 39 unités d’énergie sont nécessaires pour fournir une unité de production d’énergie alimentaire.

Les chercheurs étudient d’autres méthodes de conception des aliments, telles que l’utilisation de bactéries de levure pour créer des produits qui sentent, se cuisent et goûtent comme des œufs, mais utilisent moins d’énergie du cycle de production.

La numérisation de la production

Les tendances numériques auront un effet considérable sur la façon dont les aliments sont produits. La « numérisation » des usines est le processus de mesure, de calcul, de déconstruction et de stockage des microbesoins optimaux d’une usine sur un support numérique qui sont ensuite utilisés pour reproduire ces conditions pour contrôler la production. Par exemple, si nous pouvons capturer l’ADN unique, les besoins en eau/ nourriture/lumière, la résistance aux maladies et le rendement correspondant d’une culture, nous pouvons transmettre, étudier, optimiser et reproduire ce même rendement chaque fois. Nous éliminerons l’incertitude liée à la culture des aliments, en gérant les intrants pour maximiser le rendement.

Tirer parti de l’analyse et de l’apprentissage automatique pour exploiter les grandes quantités de données collectées à partir de capteurs agricoles à distance ouvrira des possibilités d’automatisation des fonctions qui génèrent des rendements plus élevés. Ces tendances, combinées aux tendances de l’agriculture urbaine, amélioreront considérablement l’efficacité de la culture des aliments dans de petites surfaces.

La technologie numérique aide l’industrie alimentaire à réinventer le lieu, le pourquoi et le comment de la production alimentaire. Les producteurs alimentaires devront s’aventurer dans de nouvelles directions pour gérer les besoins croissants et l’aggravation des conditions des cultures actuelles.

L’effet de la covid-19 sur le secteur alimentaire

En mai 2020, quelques semaines après le début du confinement, la maison Angus Reid a mené une enquête en collaboration avec l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, afin de déterminer les répercussions de la crise sanitaire sur le comportement d’achat des consommateurs.

Ils en ont conclu que 17 % des répondants n’ont rien modifié dans leurs habitudes et 64 % vont à l’épicerie moins souvent.

Pour s’adapter au contexte de la pandémie, les Canadiens privilégieront d’autres moyens de faire leur épicerie comme les services de livraison et les achats en ligne.

D’ailleurs, d’après ce sondage, 6 % des Canadiens ont souligné avoir l’intention de se faire livrer leurs commandes d’épicerie plus souvent en utilisant des applications de livraison.

Ces chiffres s’expliquent par le manque de sécurité ressentie par les Canadiens en cette période particulièrement difficile.

En effet, uniquement 24 % des Canadiens sont à l’aise avec l’idée de faire l’épicerie ces jours-ci, selon une étude publiée récemment par l’Université Dalhousie.

En ce qui concerne les sorties au restaurant, 17 % des Canadiens s’attendent à y aller plus souvent pendant la crise et 47 % d’entre eux disent avoir l’intention de passer plus de temps dans leur cuisine à préparer des plats faits maison, selon le sondage publié par la maison Angus Reid.
D’ailleurs, le projet NutriQuébec, qui vise à suivre l’alimentation de dizaines de milliers de personnes durant les années à venir, s’est aussi penché sur l’effet de la

COVID-19 sur la tendance de consommation des Québécois. Ce projet prévoit une amélioration des habitudes alimentaires des Québécois durant cette période. Ceci s’explique par le fait qu’ils iront moins au restaurant et qu’ils mangeront beaucoup plus des plats cuisinés à la maison.

Selon une étude publiée par l’Observatoire de la consommation responsable (OCR) qui a été faite auprès de 1000 Québécois, une nouvelle tendance de consommation aurait vu le jour durant la pandémie : la consommation locale.

Le sondage de cette étude met en évidence la tendance des Québécois à consommer des produits d’ici. Soixante-huit pour cent des personnes interrogées ont dit toujours opter pour des produits locaux pendant la pandémie. De plus, 61 % ont choisi de faire leurs achats auprès d’entreprises et de distributeurs québécois.

Pour conclure, la COVID-19 a bouleversé les habitudes de consommation des Canadiens, qui choisissent de passer plus de temps chez eux et d’encourager les produits d’ici.

De plus, depuis le début de l’éclosion, les épiceries ont diminué leurs heures de travail, ont installé des panneaux d’orientation dans leurs points de vente et ont instauré de nouvelles règles d’hygiène pour ralentir la propagation du virus.

Mais ceci n’est pas tout, la COVID-19 a également apporté des changements sur le marché des matières premières.

En effet, les experts prévoient une chute de 1,7 % de la production mondiale de viande à cause des maladies et de la sécheresse.

En ce qui concerne le marché du poisson, la FAO prévoit une diminution de la production de saumon et de crevettes dans le monde.

À tout ceci s’ajoute la forte baisse mondiale de la demande de crevettes fraîches et surgelées. La demande mondiale de saumon enregistrera aussi une baisse d’au moins 15 % en 2020.

De plus, selon la FAO, la production mondiale de lait pourrait, quant à elle, connaître une hausse de 0,8 % cette année. Par contre, selon les prévisions, les exportations mondiales de produits laitiers diminueraient de 4 % cette année. Cette donnée ne devrait pas nous étonner vu la tendance à consommer localement depuis le début de la pandémie.

L’avenir de l’alimentation est rapide, frais et nécessite un nouvel ensemble de réponses pour de nouvelles problématiques.

Une bataille pour le marché alimentaire dont les consommateurs sont les gagnants par excellence a commencé. Les désirs des consommateurs changent rapidement, exigeant des entreprises et des plateformes de faire preuve d’innovation et d’adaptation. De plus, il y aura des changements sismiques dans le système de production alimentaire. Cela ressemblera très peu à ce qu’il se fait aujourd’hui.

La bonne nouvelle est que l’industrie alimentaire relève déjà ces défis. Nous avons du chemin à parcourir et une foule d’innovations à réaliser en cours de route pour répondre aux besoins des consommateurs.

En fin de compte, les consommateurs bénéficieront de tous ces changements. Un approvisionnement alimentaire stable, fiable et varié est à notre portée – grâce à des technologies de toutes sortes – dans les décennies à venir.