Le Québec inc. de demain : Urban Picnik (Partie 1)

Terreau fertile d’innovation et de créativité, notre industrie agroalimentaire accueille chaque année de nouvelles entreprises. Ces acteurs émergents viennent non seulement confirmer son dynamisme et sa vigueur économique. Ils contribuent aussi à insuffler une nouvelle mouvance en alimentation et dans les habitudes de vie au Québec. Motivées par leur volonté de faire une différence, ces entreprises émergentes sont le moteur du renouvellement et de la bonification de l’offre de produits aux consommateurs. Qui sont ces entrepreneurs ? Quels sont leurs rêves ? Leurs défis ? Faisons un gros plan sur une telle entreprise: Urban Picnik. | Par Thérèse Garceau

En février 2016, Marie-Anne Verstraelen, passionnée d’alimentation et de saines habitudes de vie quitte son poste de directrice des ventes et du marketing. Elle lance sa propre entreprise, Ma Vitrine Bio, devenue depuis Urban Picnik. Elle jonglait depuis quelque temps avec l’idée de commercialiser des salades repas en pot entièrement composées d’ingrédients biologiques.

Marie-Anne Verstraelen rappelle que, avant de se lancer, elle a également pris soin de mettre sur pied un comité consultatif composé de gens de l’industrie alimentaire pour la soutenir dans ses efforts.

Déterminée malgré les difficultés liées au démarrage d’entreprise

Malgré les difficultés imposées par le démarrage et les démarches d’acquisition des certifications, Marie-Anne Verstraelen ne baisse pas les bras. Déterminée à défendre son positionnement distinctif en transformation alimentaire biologique, la nouvelle entrepreneure s’adjoint les services de la nutritionniste Julie DesGroseillers pour l’élaboration des recettes.

« C’était vraiment par conviction. Je trouvais qu’il n’y avait pas assez d’options santé dans la vente au détail. Je voulais encourager l’agriculture biologique. J’ai vécu la première année et demie de l’entreprise avec toutes les normes et les certifications que cela oblige. Parallèlement, je devais du même coup faire croître l’entreprise et cela devenait très lourd pour moi. »

Prise de conscience et constats

Après 18 mois d’opération qui visait surtout à rejoindre un marché niché d’épiceries spécialisées. La production demeurait à l’échelle artisanale et l’entreprise, qui n’atteignait pas les cent mille dollars de chiffre d’affaires, accumulait les dépenses, mais ne comptait que très peu de points de vente. « J’avais loué un local commercial pour faire la transformation des produits avec trois employés. C’était une production artisanale. J’ai lancé ça avec mes économies. Au début, tout le financement va au développement de la marque de commerce, du site Internet, et permet de faire les premiers achats qui vont servir au fonds de roulement de l’entreprise. »

Elle confie avoir alors fait un constat qui a changé littéralement le destin de son entreprise. « Je me suis rendu compte d’une chose. La clientèle qui achetait les produits les aurait tout de même achetés même s’ils n’avaient pas été biologiques. Ce que les consommateurs aimaient, c’était surtout l’aspect du prêt-à-manger santé accessible qu’il soit bio ou pas. Déjà, les marges ne sont pas grosses en alimentaire. Avec le bio, le prix de revient est beaucoup plus élevé que dans le secteur traditionnel. Mon prix de vente était de 8, 99 $. C’est deux dollars de plus que le prix régulier des produits signés Urban Picnik aujourd’hui. »

Céder du contrôle : un choix stratégique

En septembre 2017, elle conclut enfin une entente qui tourne définitivement la page en ce qui concerne la précarité financière de l’entreprise. Elle cède 80 % de l’actionnariat à son ex-employeur le Groupe Holding Connexion et son président, Daniel Bérard. Il devient son partenaire d’affaires et le trésorier de l’entreprise.

« C’est l’avenue que j’ai retenue parce que rien d’autre n’était possible. Mon comité consultatif m’a chaudement recommandé l’idée d’amener un associé stratégique dans l’entreprise qui aurait un rôle de financier principalement. »

Choix déchirant ? Selon la présidente, il importe surtout de penser à la survie et à la croissance de l’entreprise. Trouver une solution à long terme pour elle, plutôt que de penser à soi et de s’évertuer à vouloir garder le contrôle. La clé est d’avoir pu trouver le bon investisseur.

Perdre pour mieux gagner

« Pour une entreprise en démarrage, céder de l’actionnariat, c’est presque un passage obligé. Quand tu es seule et que les institutions ne veulent pas te prêter de l’argent, ça devient un casse-tête de jongler avec des chiffres presque inexistants, un stress monumental. Oui, j’ai cédé de l’actionnariat, mais je suis persuadée que sans cela l’entreprise n’aurait pas passé au travers. C’est une entente régie par une convention entre deux actionnaires, mais tout est toujours possible dans une entreprise. Il ne faut pas le voir comme quelque chose qu’on perd à vie. »

Devenu actionnaire majoritaire d’Urban Picnik, le président Daniel Bérard, dont le Groupe comptait déjà près de 500 employés et un important parc de camions réfrigérés, peut mettre ses ressources existantes au service de la jeune PME. Cette transaction fait diminuer des coûts de main-d’oeuvre et d’opération qu’Urban Picnik n’a pas les moyens de se payer.

Dans la suite de la présentation de l’entreprise, ne manquez pas l’histoire du repositionnement de l’entreprise.