Les plus précieuses RESSOURCES, les ressources HUMAINES

Partie 1 : Entretien avec Lise Perron – CSMOTA

Chaque jour depuis que la crise de la COVID-19 a été décrétée nous tendons l’oreille pour écouter nos chefs d’État, nos directions de santé publique, nos ministres, ils nous informent de la situation, ils communiquent, mais surtout ils nous rassurent. Ils sont là, ils sont présents pour nous les Québécois, les Canadiens. Sachez que les dirigeants des associations spécialisées de la filière agroalimentaire sont également là pour vous. | Par Lise Gallant

Nous avons voulu interroger quatre de ces dirigeants afin de vous exposer les efforts déployés de part et d’autre pour sauver ce que l’industrie a de plus précieux, ses ressources humaines. L’histoire nous a démontré que souvent en temps de crise il se développe une plus grande solidarité entre les humains en général, mais plus souvent entre les membres d’une même communauté. La filière agroalimentaire c’est votre communauté, tous secteurs confondus. Afin de prendre des nouvelles des petites communautés de votre grande communauté, nous avons rejoint : Mme Lise Perron, CSMOTA (Comité sectoriel de main-d’œuvre en transformation alimentaire); Mme Sophie Perreault, AQDFL (Association québécoise de la distribution de fruits et légumes); M. Jean-Sébastien Gascon, Bœuf Québec et M. Pierre-Alexandre Blouin, ADA (Association des détaillants en alimentation du Québec).

Voyons comment, chaque jour depuis le début de cette pandémie, ces personnes se tiennent informées pour vous, échangent, discutent, débattent, défendent vos intérêts, votre santé et tous les HUMAINS de votre grande communauté.

INDUSTRIE

La majorité du secteur de la transformation alimentaire opère en ce moment, la situation varie surtout selon le type de marché. Ce ne sont pas tant les secteurs, mais davantage le type de clients à qui sont destinés les produits qui influencent la situation. Présentement certains clients des HRI achètent à volumes réduits, d’autres qui ont complètement cessé leurs opérations ne s’approvisionnent plus du tout. « D’où l’importance pour l’industrie d’opérer avec une diversification des marchés et une multitude de clients issus de divers milieux. C’est malheureusement dans des situations de crise que le constat se fait. », nous dit-elle. Les sous-secteurs les plus affectés sont par ailleurs ceux dans lesquels les normes de distanciation sociale sont difficiles à intégrer. Les chaînes de production dans les usines alors que les travailleurs travaillent souvent côte à côte et les usines d’abattages n’en sont que des exemples. Par conséquent, le rythme de travail a dû être ralenti ce qui résulte en une moins grande production à l’heure.

SANTÉ ET SÉCURITÉ

Lorsque la sécurité et la santé des travailleurs sont mises en cause rien ne doit être négligé. C’est certain que l’industrie est déjà très régie par des normes strictes en matière de salubrité et de mesures sanitaires. Toutefois une telle crise oblige à redoubler les efforts afin de s’assurer que toutes les mesures existantes et les mesures spéciales résultant de la COVID-19 soient respectées. La vie des travailleurs dépend de leur environnement de travail et la survie de l’entreprise aussi, il ne faut pas l’oublier. Rien ne peut être pris légèrement, le niveau de stress est également très élevé chez les travailleurs. Rajoutons que les employés peuvent refuser de travailler s’ils sentent leur santé et leur sécurité menacées. À cet effet elle conseille tant aux employeurs qu’aux travailleurs de consulter directement le site de la CNESST – Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail. Ils ont d’ailleurs plusieurs pages Web de leur site destinées aux questions-réponses en lien avec la COVID-19. La bonne nouvelle face à une telle pandémie c’est aussi de se rappeler que le milieu de la transformation alimentaire était déjà un milieu extrêmement salubre et sanitaire. Cela implique que la main d’œuvre a déjà une longueur d’avance sur des travailleurs d’autres industries, il ne faut pas l’oublier, votre main-d’œuvre est précieuse tout comme la survie de votre entreprise. Malgré les risques associés à une baisse des marges de profits, malgré les risques de perdre certaines parts de marché, l’angoisse la plus grande pour l’industrie demeure la santé de chacun, on peut se le dire. Une des retombées positives pour l’industrie c’est certainement de se sensibiliser davantage à la santé et sécurité au travail. Plusieurs chaînes de production seront revisitées, plusieurs postes de travail seront améliorés.

RESSOURCES HUMAINES

La communication en tant de crise n’a jamais été aussi importante, voire cruciale, la clef c’est la transparence. Les transformateurs ont le devoir de communiquer, échanger, expliquer, vulgariser. Il est important pour les travailleurs de comprendre le pourquoi du comment, communiquer dans le respect des ressources humaines c’est assurément gagnant-gagnant. Oui, c’est malheureux, certains seront mis à pied parce que l’usine fermera, d’autres auront été jugés supplémentaires et non essentiels au bon fonctionnement. Cependant dans une industrie qui affiche de nombreuses pénuries de main-d’œuvre il y aura certainement des mouvements de main-d’œuvre latéraux, d’une usine vers une autre ou d’un secteur d’activité de la filière vers un autre de la même filière, on peut penser aux travailleurs des HRI vers la transformation ou encore le commerce de détail. Sur une note positive, nous avons demandé à Madame Perron qu’elles étaient les grandes valeurs qui propulsaient son secteur d’activité pendant cette pandémie et elle nous a confié que selon elle, ce sont : la solidarité, la fierté, la reconnaissance et l’entraide. Le monde alimentaire c’est du bon monde, « une chance qu’on çà » prend aussi son sens et une autre dimension pendant cette crise.