Les plus précieuses RESSOURCES, les ressources HUMAINES

Partie 3 : Entretien avec Pierre-Alexandre Blouin, ADA

Chaque jour depuis que la crise de la COVID-19 a été décrétée nous tendons l’oreille pour écouter nos chefs d’État, nos directions de santé publique, nos ministres, ils nous informent de la situation, ils communiquent, mais surtout ils nous rassurent. Ils sont là, ils sont présents pour nous les Québécois, les Canadiens. Sachez que les dirigeants des associations spécialisées de la filière agroalimentaire sont également là pour vous. | Par Lise Gallant

L’ADA représente les quelque 8000 détaillants en alimentation du Québec, regroupant plus de 160 000 emplois

INDUSTRIE

Malgré le fait que la plupart des détaillants fonctionnent à plein régime et plus encore, certains détaillants en alimentation ont dû fermer leurs portes. Pensons aux petits marchés d’approvisionnement en bordure d’autoroutes ou dans les quartiers industriels ou dans une municipalité de travailleurs spécialisés en une industrie qui a fermé. La proximité et la facilité pour s’approvisionner sont des facteurs de première importance. Or, si les gens sont confinés à la maison et n’ont pas à se déplacer pour le boulot ou qu’ils avaient l’habitude d’effectuer leurs courses sur le chemin du retour alors cela vient expliquer la fermeture de certaines épiceries ou dépanneurs. De plus toute l’industrie touristique est en « shut down », un autre facteur d’influence. Avec le confinement à la maison vient le fait de cuisiner et manger à la maison. Par conséquent nous assistons également à la migration vers la planification des repas alors que le prêt à manger en épicerie et l’option sur le pouce piquent du nez.

Lorsque les besoins reviendront, après le confinement et le retour au boulot, les commerces qui subsisteront auront non seulement survécu à la pandémie, mais également à l’économie. Présentement plusieurs détaillants se considèrent à risque économiquement puisque les frais fixes tels : le loyer, les taxes, les coûts énergétiques pour l’instant demeurent, cela même si les portes du commerce sont verrouillées. Les magasins des petites municipalités ou ceux des régions qui vivent du tourisme sont beaucoup plus à risque. En contrepartie les grandes chaînes d’alimentation ont mis en place plusieurs outils pour supporter leurs détaillants affiliés, franchisés ou corporatifs. L’achat local et tout le mouvement achat local c’est super, surtout pour ceux qui peuvent se le permettre. Les détaillants tendent d’ailleurs à favoriser le local.

Bien entendu, une autre réalité accompagne la crise déclenchée par la COVID-19, la crise économique. Pour plusieurs la capacité d’achat continuera de dicter leurs achats.

SÉCURITÉ

C’est certain que nos normes en matière de salubrité sont déjà très élevées. Toutefois depuis le début de la crise nous avons vu de nombreuses mesures se rajouter afin de maintenir les services essentiels dont font partie les détaillants en alimentation. Au début, nous avons vu apparaître des panneaux de plexiglas pour protéger les caissiers, par ailleurs aujourd’hui devenus la norme. À cela s’est rajoutée une série d’action pour les travailleurs du nettoyage des surfaces au lavage des mains en passant par le respect du 2 mètres de distanciation. Les travailleurs du comptoir charcuterie, boulangerie, poissonnerie en avait déjà l’habitude donc plus facile à intégrer.

Pour les autres employés : les commis, les caissiers, les étalagistes, assistants-gérants, ces nouvelles normes imposées rajoutent de la pression et chez certains beaucoup de stress. Nous pouvons être fiers de nos détaillants qui n’ont pas hésité un instant à investir du temps et de l’argent pour mettre toutes les mesures de salubrité et d’innocuité en place. Tous les détaillants prennent leur rôle de service essentiel très au sérieux et n’ont pas lésiné un instant. Leur priorité numéro un c’est la sécurité ; la sécurité de leurs employés, la sécurité des clients et la sécurité des aliments bien entendu.

Même si certaines personnes ont dû arrêter de travailler, d’autres personnes se sont montrées volontaires pour travailler ailleurs dans le magasin. De façon générale on ne peut pas dire qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre présentement, les détaillants ont la capacité de remplacer ceux qui s’absentent.

MAIN-D’OEUVRE

Jamais n’aura-t-il eu autant de reconnaissance envers nos travailleurs en épicerie et c’est fort heureux pour eux. Il ne faut pas oublier qu’ils acceptent, pour des salaires modestes et bonifiés pour la plupart pendant la crise, de tout de même se mettre à risque et mettre à risque leurs familles afin d’assurer un service essentiel. Plusieurs détaillants vivent une diversification des rôles et des tâches puisqu’il n’est pas rare que des employés se retrouvent dans un autre département ou que le gérant de l’épicerie prenne la caisse.

Chez la majorité des détaillants, les salaires ont été bonifiés d’une quelconque façon pour remercier leurs employés, les reconnaître. Avouons-le, sans eux la machine ne peut pas rouler. La bonification n’apparaît pas toujours sur le chèque de paye, il peut aussi s’agir de certificats cadeaux, d’épicerie, de congés en banque.

VALORISATION

Ce que les détaillants valorisent et souhaitent valoriser par-dessus tout ce sont tous les humains investis dans le cœur des opérations. Leur sécurité et leur santé tant mentale que physique sont des facteurs valorisés et préoccupants. Ils ont continué d’investir dans leurs précieuses ressources humaines. Après quoi, les détaillants valorisent les consommateurs qui jour après jour comptent sur eux pour s’approvisionner, s’alimenter. Les détaillants ont à cœur la sécurité et les besoins de leurs clients. Ils ne veulent pas que rien ne leurs manque, surtout pas les denrées que les consommateurs jugent essentielles à avoir en temps de pandémie.

Finalement l’achat local, l’approvisionnement local sont également valorisés par les détaillants parce qu’acheter local enrichit notre économie. « Nous sommes privilégiés dans le monde du détail agroalimentaire de pouvoir reconnaître les produits de chez et facilement les repérer grâce au logo Aliments du Québec. », nous dit M. Blouin. Nous espérons que cet appel à l’achat local nous collera après la crise.

Lorsqu’interrogé sur les valeurs mises de l’avant par l’ADA, Pierre-Alexandre Blouin n’hésite pas à répondre : la solidarité – il fait remarquer qu’il y a moins de clivage dans le partage de l’information au sein de toute l’industrie ; la grande générosité – la communauté d’affaires pose des gestes concrets pour aider les détaillants. L’inverse s’applique ; l’humanité – on réalise que les autres existent !

M. Blouin a un message pour les non membres de l’ADA : « Inscrivez-vous gratuitement à l’infolettre quotidienne pendant la COVID-19. La priorité de l’ADA est de partager l’information, de promouvoir les meilleures pratiques, aider le plus grand nombre à trouver les fournitures et services essentiels à leurs commerces, tout cela dans le but d’éviter la fermeture des commerces alimentaires essentiels. »

Inscrivez-vous en écrivant un courriel à : lgravel@adaq.qc.ca