L’intelligence artificielle dans notre assiette 1 : Prévoir l’imprévisible

Qu’est-ce que ça te dit de manger ce soir ? Voilà une question simple dont la réponse se complexifie de plus en plus au rythme de la mondialisation. Le choc des cultures a diversifié le contenu de nos assiettes, développé nos goûts et créé de nouvelles traditions alimentaires. Dans ce contexte, si choisir le menu du souper peut être embêtant, il est de plus en plus difficile pour les acteurs de la chaîne agroalimentaire de prévoir quelles seront les grandes tendances de ce qui se trouvera dans notre assiette dans l’avenir. Par Pascale Lévesque 

Une partie de la solution se trouve dans l’intelligence artificielle. C’est du moins ce que pense Olivier Blais, cofondateur de Moov AI et un expert en science de données, apprentissage machine et intelligence artificielle. « Comprendre ce que les clients vont acheter à l’épicerie et ce qui est susceptible de rester sur les tablettes, c’est tout un exercice, explique l’expert. Pourtant, il faut tenter au mieux de percer le mystère pour bien planifier et éviter les pertes alimentaires et monétaires. C’est un équilibre très difficile à atteindre et l’intelligence artificielle peut aider à faire de grandes différences. » 

Que veut-on dire au juste par « Intelligence artificielle » ? C’est la capacité des machines à comprendre/interpréter des données et à apprendre de ces dernières pour ensuite être capable de prendre des décisions « intelligentes » en fonction des informations et des modèles tirés de toute cette information récoltée. Ce n’est pas vraiment différent d’un humain, finalement ! D’ailleurs, comme nous, ces systèmes ou ces machines qui imitent l’intelligence humaine pour accomplir des tâches peuvent s’améliorer itérativement en fonction des données qu’ils recueillent. Mais souvent, l’IA va au-delà de ce qui est humainement possible en termes de capacités de calcul.  

Un exemple concret ? Vous avez une usine de biscuits, mais vous avez du mal à avoir un goût constant d’une production à l’autre. L’analyse de données vous permettra d’identifier que ça fluctue en fonction des arrivages de farine. L’apprentissage machine identifiera les inconsistances de la farine qui ont perturbé le produit et ce qui pourra être fait pour pallier à cette variabilité inévitable des matières premières. L’intelligence artificielle, c’est de savoir repérer ce qui varie d’un arrivage à l’autre et réagir adéquatement en appliquant la bonne recette et marche à suivre.   

Le pouvoir de la prévisibilité 

La force de l’intelligence artificielle, c’est non seulement d’avoir de la prévisibilité avec les ingrédients et les machines, mais aussi avec le comportement des humains. Leurs goûts et leurs envies deviennent de plus en plus pénétrables grâce à la science. Moov travaille par exemple avec une grande bannière de l’épicerie à mettre en place un système pour préciser la demande. Ce que les gens vont acheter à un moment précis de l’année, selon la météo ou même le contexte socio-politique.  

« Le problème en épicerie, c’est que les achats de produits aux distributeurs sont durs à planifier à cause de ce facteur humain entre autres, explique Olivier Blais. Souvent, quand on observe des gros rabais agressifs dans les circulaires ou encore, très peu de variété dans les fruits et légumes, ça témoigne d’une mauvaise planification. Les épiciers sont conscients du risque. Encore plus quand il s’agit de nouveaux produits. » Ici, l’intelligence artificielle pourrait dissiper des craintes. « Il a bien sûr des études de marché et des analyses de toutes sortes lorsqu’on lance de nouveaux produits, explique M. Blais. L’intelligence artificielle réfléchit au-delà de ces données et fait en sorte qu’on n’a plus peur de commander. » 

Inventer de nouvelles saveurs 

Prenons par exemple l’explosion de saveurs que connaît le créneau des croustilles, souvent exclusives à un marché donné. Et ça marche ! Miss Vicky’s a manqué de chips cornichons à l’aneth épicés cet été tellement la demande a été forte dans les magasins Costo canadiens, où cette variété était vendue en exclusivité. Le Devoir rapportait en juillet dernier comment les multinationales comme PepsiCo qui possèdent des milliers de marques sont capables d’emmagasiner une quantité ahurissante de données sur leurs clients.  

Elles en savent toujours plus sur leurs clients et leurs habitudes. Des mégadonnées on peut découper des micros marchés. L’intelligence artificielle peut arriver avec une saveur sur mesure.  Pour les compagnies, c’est une manière innovante de gagner des parts de marché. Soit en convaincant un client de manger cette nouvelle saveur de chips parfaitement inspirée de ses goûts, modulé par ses origines, son milieu socio-économique, la saison, l’air ambiant, c’est une manière de gagner des parts de marché.  

Source : L’actualité ALIMENTAIRE 

Ne manquez pas la suite de cet article demain sur notre site.