MISER « LOCAL »

Selon un nouveau rapport du Conference Board du Canada publié aujourd’hui, les aliments produits et consommés localement au Canada devraient être mieux intégrés dans l’ensemble du système national de distribution alimentaire. Ce changement profiterait aux producteurs locaux et à toute l’économie agroalimentaire.

À l’heure actuelle, la majeure partie des aliments locaux au Canada sont vendus par de grandes chaînes de détaillants et de distributeurs, une tendance qui tend à se propager. « Les aliments locaux occupent une place de plus en plus grande au sein du système alimentaire canadien, et l’intérêt à leur égard s’est accru au cours des dernières années », précise Michael Bloom, vice-président, Efficacité organisationnelle et apprentissage. « Ce que nous constatons, c’est que les possibilités ne manquent pas d’élargir le rôle des systèmes alimentaires locaux au Canada et qu’il y a d’importants avantages économiques à en tirer. »

Dans son rapport intitulé Cultivons les bonnes affaires : L’appétit grandissant du Canada pour les aliments locaux, le Centre for Food in Canada constate que l’incidence économique des systèmes alimentaires locaux est plus marquée au Québec et en Ontario.

À l’échelle du Canada, 20% des aliments sont consommés dans la province où ils sont produits, selon une définition largement répandue. Le Québec arrive au premier rang : 29% de sa production alimentaire globale (valeur totale en dollars) est consommée par les Québécois. En Ontario, 24% des aliments produits (en valeur) sont mangés dans la province. Les aliments locaux constituent aussi une part importante des aliments consommés en Colombie-Britannique (16%) et en Nouvelle-Écosse (13%).

Pour les besoins de cette étude, un aliment local est défini comme étant un aliment consommé aussi près du lieu de production et de transformation où il est raisonnablement possible de le faire, compte tenu de son caractère saisonnier et de sa disponibilité, caractères variables d’une région à l’autre.

Voici quelques faits saillants de l’étude :

• L’intérêt pour les aliments locaux est motivé par des préoccupations sur la qualité des aliments, la santé et la nutrition, la salubrité des aliments, l’économie et producteurs locaux, ainsi que l’environnement.

• Les systèmes alimentaires locaux procurent des avantages économiques à un vaste éventail d’entreprises. Les petits et moyens agriculteurs (PME), de même que les détaillants et les fournisseurs de services alimentaires qui ciblent les créneaux et les marchés haut de gamme, en retirent les plus importants.

• Les aliments locaux à eux seuls n’offrent pas de solution aux préoccupations de la population concernant le système alimentaire. Les produits non-locaux venus d’ailleurs donnent aux Canadiens un accès à une grande variété d’aliments. Le Canada profite également des échanges mondiaux de produits alimentaires.

Les consommateurs ont indiqué que s’ils achètent des aliments locaux, c’est en partie parce qu’ils veulent soutenir l’économie et les agriculteurs de leur région. Bon nombre pensent également que ces denrées sont plus fraîches que les produits venus d’ailleurs. La disponibilité et la commodité, tout comme le prix de certains produits locaux, sont les principaux obstacles empêchant les consommateurs d’acheter des aliments locaux.

Le rapport recommande un certain nombre de mesures susceptibles de soutenir les systèmes alimentaires locaux :

• Donner aux PME productrices davantage d’information et de conseils sur la commercialisation directe et la manière de vendre les produits locaux à de grands détaillants dans l’ensemble du système alimentaire;

• Les détaillants, les fournisseurs de services alimentaires et les distributeurs devraient collaborer davantage avec les producteurs locaux en vue d’accroître la disponibilité et la visibilité des aliments locaux, et préciser sur les étiquettes que les aliments sont des produits locaux;

• Les administrations publiques – provinciales et locales – pourraient accroître leur leadership dans la mise en œuvre de projets de commercialisation et d’étiquetage des aliments locaux;

• Les établissements du secteur public pourraient faire leur approvisionnement et des achats d’aliments locaux une priorité en fonction de la rentabilité et de l’efficience.

Le Centre for Food in Canada a pour principal objectif de faire participer les intervenants des entreprises, administrations publiques, universités, associations et collectivités à la création d’une stratégie alimentaire canadienne — cadre qui donnera au pays une stratégie coordonnée et à long terme dont il a besoin concernant la prospérité de l’industrie, une saine alimentation, la salubrité des aliments, la sécurité alimentaire des ménages, et la durabilité environnementale.

Source : Conference Board du Canada