Production de sirop d’érable : Le fruit d’efforts collectifs

par : Serge Beaulieu, acériculteur et président, Producteurs et productrices acéricoles du Québec

Le froid hivernal a enfin fait place au printemps. Les érables coulent. Et pendant que plusieurs Québécois planifient une incontournable sortie à la cabane à sucre, alors que les épiciers de la province rivalisent de créativité pour nous faire déguster de nouveaux produits d’érable, les acériculteurs sont à pied d’oeuvre dans les érablières. Ainsi, d’ici quelques semaines, le Québec aura
produit sa cuvée 2019 de notre or blond national, l’incroyable sirop d’érable.

Tout le monde l’aime, ce sirop d’érable! Dans les faits, plus de 9 Québécois sur 10 en conservent dans leur frigo à longueur d’année. Mais au-delà de cet amour quasi génétique pour le produit, que sait-on à propos de sa production ?

Il y a 30 ans, les acériculteurs ont compris le potentiel de la richesse naturelle qu’ils avaient entre les mains et l’importance de se structurer. Unissant leurs efforts, ils ont propulsé et fait apprécier l’érable
internationalement. D’une activité artisanale, voire folklorique, pratiquée depuis plusieurs siècles en Amérique du Nord, la production du sirop d’érable québécois a fait un bond de géant en quelques décennies.

Au cours des 20 dernières années, plus de 600 producteurs ont démarré une entreprise acéricole. Le nombre d’entailles est passé de 33 à 48 millions. Ce développement a été rendu possible grâce à
l’approche collective et aux outils dont disposent nos producteurs. Aujourd’hui, le Québec assure 72 % de la production mondiale de sirop d’érable et 92 % de la production canadienne. En 2019, 7 400 entreprises acéricoles génèrent l’équivalent de plus de 10 000 emplois à temps plein, contribuant ainsi à la vitalité économique régionale dans plusieurs coins du Québec.

Ainsi, en 2000, la réserve stratégique de sirop d’érable a vu le jour. Cet outil de mise en marché ambitieux, financé entièrement par les producteurs, s’est avéré extrêmement efficace. Bon an, mal an, la réserve assure un approvisionnement constant des marchés nationaux et internationaux, indépendamment de l’ampleur de la récolte, stabilisant ainsi le prix de la ressource en éliminant les variations causées par de potentielles ruptures de stock ou des surplus de production. Cette stabilité permet à l’industrie de mieux planifier son développement des marchés.

Afin d’avoir une meilleure connaissance de leur produit et de le promouvoir, les Producteurs et productrices acéricoles du Québec ont investi, avec l’appui financier des gouvernements, 12 millions $ dans plus de 100 projets de recherche depuis 15 ans. Grâce à ces investissements, nous connaissons maintenant les bienfaits de l’érable sur les performances sportives. Outre ses propriétés nutritives et
énergétiques, l’érable est une grande source de plaisir et un extraordinaire rehausseur de saveurs, qui constitue un excellent substitut à d’autres formes de sucre. Pas étonnant qu’il soit de plus en plus intégré dans de nouveaux produits, nous permettant d’en apprécier les saveurs.

Grâce à différentes stratégies de la filière, le sirop d’érable du Québec est consommé dans une soixantaine de pays à l’heure actuelle. En 2018, les transformateurs en ont exporté 101 millions de livres, ce qui représente une hausse de 6,4 % par rapport à l’année précédente. Du jamais vu !

upa13fe19-photographescommercial-85

Et ça continue !
Comme le dit le dicton : Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin ! Ensemble, les Producteurs et productrices acéricoles du Québec ont parcouru plus de chemin que s’ils avaient mené leur projet individuellement. Et ça ne s’arrêtera pas là. Cette richesse naturelle qu’est le sirop d’érable doit profiter au plus grand nombre. Il y a encore de la place pour la croissance. Nous devons maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande et faire face à la concurrence croissante de nos voisins, alors qu’elle était inexistante il y a à peine 20 ans. En ce sens, les Producteurs et productrices acéricoles du Québec sont déterminés à poursuivre le travail entrepris pour permettre à notre industrie de grandir et d’assurer la pérennité de la ressource pour les générations à venir.