Quand le consommateur prend la parole (1ère partie de 2)

L’un des objectifs premiers de La Grande Conversation DUX était de permettre un dialogue entre l’industrie alimentaire et le consommateur. Permettre aussi à ce dernier d’exprimer sa réalité et ses besoins en alimentation. Voici un aperçu des tendances qui se sont dégagées des nombreux échanges de cette journée qui a eu lieu plus tôt cette année. Par Mathilde Condrain-Morel

En mettant sur pied La Grande Conversation, l’équipe de DUX souhaitait réunir des experts de l’industrie agroalimentaire de même que des consommateurs. Ensemble, ils pouvaient ainsi traiter de sujets entourant l’alimentation. Ils pouvaient aussi répondre à l’objectif de l’événement qui est de mieux se connaître pour mieux se comprendre. Il s’agissait d’une occasion de plus de faire vivre la mission de DUX, qui vise à aider les Canadiens à améliorer leurs habitudes alimentaires afin de mieux vivre. Ce faisant, La Grande Conversation DUX créait un pont entre le public et l’industrie afin de solidifier cette relation où l’un et l’autre ne cesse de s’influencer.

Quand l’industrie veut entendre les consommateurs

Il était important de donner cette tribune aux consommateurs, l’industrie souhaitant connaître l’opinion de ceux-ci par rapport à son offre. En contrepartie, le consommateur a pu bénéficier de ce que les experts avaient à lui transmettre comme connaissances. Cela l’amène à mieux comprendre le monde de l’alimentation. Le dialogue est visiblement primordial entre ces deux entités. C’est dans cette optique que tout le monde a pris part à la conversation.

Pour bâtir la programmation de La Grande Conversation DUX, un sondage a été mis sur pied. Près de 300 personnes ont répondu. Cette première façon d’interroger les consommateurs a permis de prendre le pouls de la population à l’égard de nombreux enjeux et de dégager certaines préoccupations sur lesquelles les experts devaient absolument se prononcer.

5 enjeux liés à l’alimentation

Pour créer cette grande table ronde de l’alimentation, il fallait absolument faire une place à chacun afin que les discussions soient authentiques et pertinentes. Pour discuter des trois grands thèmes de la journée, quatre consommateurs étaient invités à se mêler à chaque panel d’experts afin que la population du Québec puisse être représentée et puisse faire entendre sa voix. Outre le dialogue, c’est également en faisant participer à certains sondages le public, qui était présent dans la salle ou qui suivait les  discussions en direct sur le web, qu’il a été possible de déterminer quels enjeux entourant l’alimentation sont les plus importants à ses yeux.

Voici les cinq principaux ayant été identifiés :

  • Le suremballage

Le consommateur ne comprend pas la nécessité de l’emballage. Il le perçoit généralement comme du gaspillage : « [Les gens de l’industrie] ne sont pas sensibilisés à l’écologie. Ils préfèrent vraiment le suremballage ou les contenants en styromousse. Vraiment… Nous sommes bien en 2019 ? »

  • Le gaspillage alimentaire

Bien que 47 % du gaspillage alimentaire se fasse à la maison, les consommateurs blâment encore énormément l’industrie : « Je suis tannée de voir des légumes parfaits. Je sais qu’ils produisent du gaspillage. »

  • La quantité de sucre/gras/sel dans les aliments transformés

Les consommateurs se préoccupent des ingrédients et de leur qualité, mais également des allégations alimentaires qu’on trouve sur les emballages : « Sans gras trans, mais plein de sucre ! »

  • Les aliments ultratransformés

Près de 22 % des personnes sondées affirmaient : « J’achète parfois des aliments transformés, mais j’ai de la difficulté à en trouver de bonne qualité. »

  • Les pesticides en agriculture

Le contrôle de ceux-ci a d’ailleurs été soulevé par les consommateurs comme un moyen que l’industrie agroalimentaire devait mettre en place pour éviter les intoxications : « Meilleur contrôle des pesticides, insecticides et tous les ……ides. »

Considérant que les résultats montrent un écart de seulement 14 % entre le premier et le dernier enjeu, on peut conclure que ce sont de grands thèmes qui interpellent les consommateurs pratiquement au même degré. D’ailleurs, la notion d’aliments transformés ou ultratransformés, et ce que cette appellation implique au niveau de la liste des ingrédients et des effets sur la santé, est revenue fréquemment dans les affirmations des consommateurs et touche le milieu de l’alimentation dans son ensemble.

Les aliments transformés : ces mal-aimés

La méfiance entourant les aliments transformés est bien palpable. Seulement 16,78 % des consommateurs sondés affirment en acheter pour leur composante facilitatrice. 47,55 % en achètent, en précisant qu’ils prennent soin de lire la liste des ingrédients, signe qu’ils tentent d’obtenir davantage d’informations. Par contre, ce qu’ils recherchent n’est pas toujours énoncé clairement pour eux. Le discours ambiant martèle de faire attention aux ingrédients et offre comme ligne directrice de ne pas consommer d’aliments dont on ne comprend pas la liste des ingrédients. Dans ce contexte, le consommateur écarte certains produits simplement par manque de connaissances. Le problème ne réside possiblement pas dans les ingrédients utilisés, mais plutôt dans l’information manquante à leur sujet. Charmaine Kuran, chef de section, composition nutritionnelle au Bureau des sciences de la nutrition, expliquait lors de La Grande Conversation DUX que « le citron, par exemple, est un agent de conservation naturel dont l’ingrédient actif est l’acide citrique. Même si c’est le nom chimique qui est écrit sur l’étiquette, c’est la même chose. On indique l’ingrédient actif à des fins de santé publique ».

 Mais pourquoi privilégier cette approche alors que le consommateur, qu’on essaie pourtant de protéger, ne comprend pas qu’il s’agit d’un ingrédient bon pour lui ? En plus, comment rassurer le consommateur avec des mots comme « naturel » alors que les experts ne s’entendent pas tous sur ce terme non plus ? Il y a visiblement un décalage entre l’information l’on transmet aux consommateurs et la capacité de ceux-ci à l’assimiler. D’ailleurs, lorsqu’on prend le temps d’expliquer certaines nuances, la perception du consommateur change radicalement. En effet, dans le sondage réalisé avant La Grande Conversation DUX, 46 % des répondants pensaient que les aliments transformés disponibles au Québec étaient meilleurs qu’avant. Après une journée complète de discussions et d’échanges d’informations avec des experts, c’est plutôt 87 % des personnes sondées qui les pensaient maintenant meilleurs. Des chiffres éloquents qui laissent entrevoir que le transfert d’informations vers les consommateurs doit être repensé.

Ce que les consommateurs pensent… de la qualité des aliments transformés. Sont-ils moins bons ou meilleurs qu’avant ?

Opinions récoltées avant La Grande Conversation DUX

« Un peu des deux. Je crois que nous sommes plus informés qu’il y a 10-20 ans. La tendance à vouloir tout faire rapidement affecte la qualité de nos repas. »

« Je crois qu’ils sont meilleurs au goût, mais pas nécessairement pour la santé. »

« Je dirais que ça dépend. Je pense que ça peut sembler moins bon parce que nous sommes davantage conscients, et que nous lisons plus et mieux les étiquettes. D’un autre côté, certaines compagnies voient ce changement dans les habitudes de consommation des gens et tentent d’améliorer leurs produits. »

« Meilleurs qu’il y a 10 ans, moins bons qu’il y a 100 ans. »

« Il y a trop de produits chimiques. J’aime mieux préparer mes recettes avec le moins de produits transformés. »

« Ça dépend des produits. Certaines compagnies semblent faire un effort pour améliorer la qualité alors que d’autres, pas du tout. »