Quand le consommateur prend la parole (2e partie de 2)

L’un des objectifs premiers de La Grande Conversation DUX était de permettre un dialogue entre l’industrie alimentaire et le consommateur, et de permettre à ce dernier d’exprimer sa réalité et ses besoins en alimentation. Voici un aperçu des tendances qui se sont dégagées des nombreux échanges de cette journée qui a eu lieu plus tôt cette année. | Par Mathilde Condrain-Morel

Dans la foulée des échanges qui ont eu lieu dans le cadre de La Grande Conversation DUX, les consommateurs présents ont fait savoir que le marketing alimentaire n’atteignait pas toujours ceux-ci de manière favorable.

En effet, plusieurs allégations alimentaires se trouvent sur l’emballage d’un produit afin de transmettre des informations aux consommateurs et, finalement, les inciter à acheter le produit. Par contre, comme l’aspect marketing se fait bien ressentir par les acheteurs dans les allées d’épicerie, ces derniers ont l’impression de se faire monter un bateau. Pourquoi ? Parce qu’on trouve sur les étiquettes et emballages des données qui ne sont pas toujours pertinentes, bien que vraies. La guerre commerciale que se livrent les entreprises se traduit par des emballages devant attirer le consommateur coûte que coûte. Ce dernier ne sait plus qui croire. Résultat ? Il se méfie et vit de la frustration à l’épicerie. Encore ici, le constat est que le consommateur manque d’informations au sujet des différentes allégations alimentaires qu’il peut trouver sur un produit, ou que celles-ci lui sont mal transmises. Dans un précédent sondage, 48 % des gens ne faisaient pas confiance se trouvant sur les emballages de produits. Un segment complet de La Grande Conversation DUX a été consacré à ce sujet. Après y avoir été exposés, c’était plutôt 37 % des gens qui ne faisaient pas confiance à ces allégations alimentaires. Encore une fois, il est étonnant de voir la grande différence de résultat que provoque une connaissance accrue.

Les consommateurs changent

Évidemment, l’environnement demeure un sujet chaud en alimentation. Pas étonnant que les deux premiers enjeux en importance pour le consommateur soient le suremballage et le gaspillage alimentaire. La popularité grandissante du végétalisme et du végétarisme n’est pas étrangère aux préoccupations environnementales liées à la production animalière. D’ailleurs, lorsqu’il leur a été demandé de quelle manière ils avaient changé leurs habitudes alimentaires pour diminuer leur impact sur l’environnement, la majorité des gens, soit 30 % des personnes sondées, ont répondu avoir diminué ou stoppé leur consommation de viande. Dans 15 % des cas, c’était par l’achat d’aliments locaux. Pour un autre 15 % des répondants, c’était par l’achat de produits en vrac. Notons toutefois que les répondants pouvaient fournir des réponses au choix et que celles-ci combinaient parfois plusieurs éléments.

On constate que l’envie de diminuer sa consommation de viande n’est pas seulement liée à des enjeux environnementaux. Dans l’esprit des consommateurs, manger moins de viande est une action concrète pour changer son alimentation positivement. En effet, pour 45 % des personnes sondées, elle représente un des changements apportés à leur alimentation pour mieux manger. Il s’agit toutefois de la 4e position des changements identifiés, dont voici le top 5 :

  • J’augmente ma consommation de fruits et légumes
  • Je cuisine davantage de repas faits à la maison
  • Je coupe le sucre
  • Je diminue ma consommation de viande
  • Je diminue mes portions

À travers ces différentes réponses, on détecte encore certaines tendances qui reviennent : porter une attention particulière aux aliments transformés, même si le terme est galvaudé, s’approvisionner de façon locale ou encore limiter son impact sur l’environnement.

Biologique et local, mais à quel prix?

Les sondages effectués avant et après La Grande Conversation DUX tendent à démontrer que les consommateurs font dorénavant des choix alimentaires qui dépassent la sphère nutritionnelle. Un ensemble de valeurs vient influencer leurs décisions, qu’on parle d’environnement, d’économie ou d’enjeux sociaux. Cependant, là où la vertu a ses limites, c’est souvent par rapport au prix. S’il recherche un produit de qualité, préférablement biologique et local, ce qui motivera son achat demeure encore le prix. Lorsqu’on demande aux consommateurs pourquoi les aliments biologiques coûtent plus chers, certains commentaires renvoient la faute sur les marchands. « Les gens croient qu’ils coûtent plus chers à produire et les marchands se sentent libres de “charger” plus. »

Or, les produits de plus grande qualité sont généralement plus chers et l’on constate que le consommateur manque parfois de cohérence dans son discours. Ce commentaire émis par un consommateur lors de La Grande Conversation résume bien cet état de fait. « Je suis davantage attiré par des produits qui contiennent moins d’ingrédients chimiques. Cela dit ne, je suis pas toujours prêt à payer le double du prix. » Les consommateurs ne perçoivent donc pas la valeur ajoutée de certaines composantes qui peuvent rendre un produit moins cher ou, à tout le moins, ne comprennent pas ce qui le distingue. Ils deviennent donc très critique face à un prix plus élevé et n’auront pas tendance à choisir ce produit dans un étalage parce qu’ils ne lui reconnaissent pas d’avantages tangibles.

L’industrie devra-t-elle payer pour les exigences des consommateurs?

La pression retombe donc encore sur l’industrie, qui doit proposer une offre variée, tout en demandant un prix concurrentiel qui conviendra lors de l’achat. La tâche n’est pas mince. Encore une fois, le constat demeure que plus l’information sera transmise aux consommateurs, et ce, de manière adéquate, plus ceux-ci seront aptes à faire des choix éclairés et, par le fait même, comprendront mieux le coût de leurs exigences.

Ce que les consommateurs en pensent… des allégations alimentaires sur les produits.
Ils y font confiance ou non ?

Opinions récoltées avant La Grande Conversation DUX

« Haha, non. Cela s’appelle du marketing. »

« Oui, mais on doit se questionner et lire les ingrédients, comparer avec d’autres produits, etc. »

« Non, parce qu’on peut faire dire n’importe quoi sur une étiquette. »

« La meilleure façon de s’y fier est de regarder la liste d’ingrédients ou des pourcentages plutôt que de se fier aux étiquettes sur l’emballage. »

« Pas nécessairement, car des fois, c’est juste de la poudre que l’on jette aux yeux. »

« C’est une publicité qui peut accrocher l’œil… mais c’est souvent de la fausse publicité ! Par exemple, sans lactose pour de la margarine… c’est vrai, mais à la base, il n’y a pas de lactose dans ce produit… »

« Parfois. Regarder la liste des ingrédients me permettra de me faire une idée moi-même. Des termes tels que « naturel me laissent » parfois perplexe. »