Un groupe presse les leaders du G20 d’établir des cibles de réduction des émissions du secteur agricole

Une coalition mondiale d’investisseurs appuyée par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, un architecte de premier plan de l’Accord de Paris, dépose une déclaration appelant les pays du G20 à divulguer au plus tôt des cibles spécifiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant du secteur agricole dans le cadre des Contributions déterminées au niveau national (CDN) d’ici la tenue des pourparlers de la COP26 sur le climat en novembre. Cette offensive s’inscrit également dans la perspective de la réunion des pays du G20 qui aura lieu à Venise le 11 juillet.

Dans sa déclaration « Un effet bœuf sur le climat », le groupe d’investisseurs signataires représentant 5 trillions $ d’actifs sous gestion dont Legal & General (RU) et Postes Canada (Canada), coordonné par l’Initiative FAIRR, (38 trillions d’actifs sous gestion au total) presse les gouvernements du G20 d’être plus transparents quant au pourcentage de réduction de leurs émissions du secteur agricole prévu dans CDN.
Le secteur agricole compte présentement pour un tiers des émissions mondiales. Cependant, aucune des CDN actuellement publiés ne comprend de cibles nationales claires pour la réduction des émissions attribuables au secteur agricole. Ce n’est pas le cas d’autres secteurs à fortes émissions : 50 % des CDN actualisées du G20 ont des cibles pour le secteur énergétique et 20 % pour le transport (voir les détails dans la Note à l’éditeur).

L’atteinte d’émissions net-zéro sera impossible sans une réorganisation radicale du secteur agricole. Les investisseurs exigent donc une plus grande clarté de la part des leaders mondiaux quant au rôle que jouera ce secteur souvent ignoré dans leurs plans de réduction de carbone si les billions de dollars requis pour une transition à faibles émissions doivent être débloqués avec succès.

La déclaration est intitulée « Un effet bœuf sur le climat » parce que le secteur agricole comprend la production bovine, l’élément de l’agriculture animale qui contribue le plus – à la hauteur de 15 % – aux émissions de gaz à effet de serre. Le secteur agricole dans son ensemble est présentement exposé à des risques climatiques potentiellement dévastateurs. Une analyse démontre, par exemple, que 40 des plus importantes entreprises de traitement des viandes font face à des pertes pouvant aller jusqu’à 11 milliards $ en taxes potentielles sur le carbone. La coalition souligne aussi le fait qu’un manque de cibles nationales claires a pour effet de dissuader les initiatives en matière de climat de la part des entreprises agricoles. Au moment où l’environnement réglementaire mondial se dirige vers une accélération de la décarbonisation, l’établissement de cibles nationales claires pour le secteur agricole mènera à une transition mieux gérée et plus opportune pour l’ensemble des secteurs.

Dans le cadre de leurs CDN :

L’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de carbone de 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.

Le Royaume-Uni s’est engagé à réduire ses émissions de 78 % d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 1990.

Les États-Unis se sont engagés à réduire de moitié leurs émissions d’ici 2030.

Le Japon prévoit réduire ses émissions de 46 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2013.

Le Canada réduira ses émissions de 40 à 45 % au cours de la prochaine décennie.

Toutefois, aucune de ces CDN ne cible spécifiquement une réduction des émissions provenant du secteur agricole. Les investisseurs soutiennent qu’il est urgent de le faire, compte tenu du fait que le tiers des plus importants producteurs mondiaux de protéines animales a enregistré une augmentation de ses émissions en 2019.

Enfin, la coalition encourage aussi les pays à aller plus loin en établissant des cadres stratégiques vers une transition plus saine et des régimes alimentaires durables qui stimulent la santé humaine tout en demeurant dans les limites planétaires, par exemple en y incorporant davantage d’options protéiniques durables. À l’heure actuelle, on produit chaque année dans le monde 340 millions de tonnes de viande, plus de trois fois ce qu’on produisait il y a 50 ans. Le GIEC a souligné le potentiel de régimes à base de plantes dans les changements climatiques. La coalition invite donc les gouvernements du G20 à expliquer à leurs populations comment elles peuvent incorporer des sources additionnelles de protéines durables à leurs régimes afin de s’attaquer à l’insécurité alimentaire, de bâtir des chaînes logistiques plus solides, de protéger la biodiversité et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.