Alimentation : le « fait maison » fait saliver les Français

Lien de l’article : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/alimentation-le-fait-maison-fait-saliver-les-francais-1267887

Les Français sont de plus en plus nombreux à se réapproprier leur alimentation quotidienne, selon une enquête conjointe de la Fondation Nestlé et de l’institut IPSOS. Une certaine méfiance à l’égard de l’alimentation industrielle, ajoutée à la contrainte économique conduit les familles à privilégier le « fait chez soi ». Un Français sur trois apporte son repas sur son lieu de travail.

Les Britanniques disent des Français qu’ils sont « les seuls à parler de manger avant de se mettre à table, pendant et après ». Après s’être mis à l’écoute des réseaux sociaux entre juillet 2018 et août 2019, puis avoir mené une étude approfondie du comportement de 95 familles, la fondation Nestlé et Ipsos confirment que l’alimentation est LE sujet principal de conversation des Français.

Au-delà de ce constat fondamental, il en ressort que la notion de « plaisir » est toujours primordiale à table, mais que des changements sont en cours , qui vont continuer d’obliger l’industrie à se remettre en question.

Malgré l’invasion des écrans dans la vie de tous, en dépit du Covid et du confinement, les Français demeurent attachés à leur modèle alimentaire et à la notion de partage, souligne Youmna Ovazza, chez IPSOS. Ils mangent et cuisinent ensemble à 83 %, selon l’étude Nestlé/IPSOS. Trois repas par jour, ensemble et à heure fixe. « La base du repas pris en famille reste commune même si chacun revendique beaucoup plus son droit à la singularité », dit le sociologue Thibaut Saint Pol. Ainsi, chacun apportera sa touche personnelle au plat de pâtes. « Le goûter ne concerne plus seulement les enfants, il fait désormais souvent l’objet d’une pause au travail entre collègues », ajoute-t-il. Près d’un Français sur deux a pris l’habitude de goûter de temps à autre. Même en visio.

Méfiance

Le phénomène du « fait chez soi » n’a pas attendu la pandémie pour se développer. Les scandales alimentaires sont passés par là. Les multiples mises en cause de la nourriture, des ingrédients, des additifs jugés nocifs et qui sont au fur et à mesure écartés, voire interdits. Le résultat a provoqué « un climat de méfiance », selon Youmna Ovazza, qui a profondément bousculé les raisonnements industriels. Partagés entre les craintes et les doutes, « un peu perdus », selon IPSOS, les Français ont opté pour la cuisine à la maison, celle dont ils maîtrisent la composition. Ils privilégient l’origine française pour la moitié d’entre eux quand ils achètent les produits alimentaires.

« Ils lisent de plus en plus les étiquettes et sont de plus en plus attentifs à la composition des aliments », pointe IPSOS. Ils sont 54 % à regarder des applis telles que Yuka pour les informations nutritionnelles, mais plus de façon « frénétique » comme cela a été le cas au début. « Ils s’en servent désormais surtout face aux nouveaux produits ».

La contrainte économique

« La gamelle au bureau » s’inscrit dans tout ce nouveau schéma. « On apporte de plus en plus son repas d’abord pour des raisons économiques, mais aussi dans 40 % des cas pour contrôler le contenu de son assiette », abonde Youmna Ovazza. Les Français se sont remis à cuisiner les restes. « Cela évite le gâchis et permet la créativité », dit-elle. Le « batch cooking », qui consiste à préparer les plats de la semaine en une séance de cuisine, se développe lui aussi.

Près des trois quarts des Français aspirent à manger sain et équilibré. Mais ils manquent souvent de repères et « se sentent un peu perdus ». Plus de 40 % cherchent à réduire le sucre et le sel et 75 % font attention aux valeurs nutritionnelles. L’alimentation végétale, la baisse de l’alcool, de la sauce, la tendance zéro, zéro gluten, zéro lactose, etc. sont « des notions minoritaires ».

Principal obstacle à manger équilibré pour un Français sur deux : le coût. « Ce point a été amplifié par la crise sanitaire. Les Français se sentent obligés de faire des arbitrages », selon l’étude IPSOS/Nestlé. « La fracture sociale alimentaire s’est renforcée ». Les problèmes de surpoids sont beaucoup plus marqués dans les catégories sociales défavorisées, rappelle Thibaut de Saint Pol.

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