Ce que les confinements ont changé à notre alimentation

Lien de l’article : https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/nutrition-ce-confinements-ont-change-notre-alimentation-85997/

Les confinements, les couvre-feux et les mesures sanitaires telles que le télé-travail ont eu un impact sur notre mode de vie. Par conséquent, ce que nous mangeons et la façon dont nous mangeons ont pu être modifiés. Ces effets ont-ils été plutôt bénéfiques ? Plutôt négatifs ? Plutôt neutres ? Difficile de le savoir. Nous vous donnons quelques pistes dans cet article.

En octobre 2020, l’Organisation mondiale de la Santé a alerté concernant l’impact probable de la pandémie sur le système alimentaire et, par conséquent, sur le statut nutritionnel des individus, notamment ceux ayant une situation socio-économique altérée par les mesures sanitaires. Deux études ont fait l’objet de publications depuis cette prise de position de l’OMS et un récent éditorial paru dans The American Journal of Nutrition nous propose une analyse de leurs implications, des questions auxquelles elles répondent et celles qu’elles soulèvent. 

Comportements alimentaire en France et au Canada

Afin d’identifier de potentiels changements d’habitudes alimentaires au sein des populations canadienne et française, plusieurs auteurs ont pris l’initiative de comparer les données de cohorte comme NutriNet-Santé en France et Nutrition-Québec au Canada. En effet, ces études compilent les habitudes alimentaires auto-déclarée de chaque individu des cohortes susmentionnées. Rappelons que ces cohortes ne sont pas des échantillons représentatifs de la population, les femmes étant généralement sur-représentées de même que les personnes de plus de quarante ans.

Plusieurs pistes d’investigation sont à explorer à la suite des comparaisons des chercheurs. Leurs constats sont hétérogènes. En France, pas de changement dans la qualité globale de l’alimentation : baisse des apports en calories, glucides, protéines, poisson, vitamine B12. Au Québec, un léger mieux dans la qualité globale de l’alimentation, notamment avec plus de céréales complètes et moins de sucres ajoutés : baisse des apports en fruits, augmentation des apports en sel et déséquilibre d’apports entre les différents acides gras. Contrairement à la France où ces effets semblent bel et bien dus aux mesures restrictives, la conclusion est plus nuancée du côté du Québec, la saison ayant certainement joué un rôle prépondérant.

L’étude des sous-populations  

Ces observations émanant de questionnaires électroniques standardisés ne semblent pas bien représenter les discours que l’on entend ça et là à propos des situations individuelles. Les auteurs ont donc pris le temps d’étudier les changements chez des groupes particuliers des deux populations. Les personnes qui n’ont pas subi de changements d’habitudes alimentaires sont généralement celles qui n’ont subi aucun changement dans leur situation professionnelle. De l’autre côté, lorsqu’un impact a eu lieu, positif ou négatif, il y a eu du changement dans la vie des individus. Les situations à risque de changements néfastes sont plutôt du côté des femmes à faible revenu avec un enfant de moins de dix-huit ans à la maison. À l’inverse, les changements favorables concernent les personnes avec de hauts revenus et pas d’enfants à charge dans le domicile. Rien d’étonnant en somme… 

Les limites de ces études 

Ces deux études démontrent l’intérêt croissant des méthodes d’enquêtes en ligne concernant le domaine de la nutrition. Néanmoins, elles ne sont pas dépourvues de biais. Les deux principaux sont le biais de sélection, ce qui amène inexorablement à limiter considérablement la généralisation des conclusions. Dès lors, cela pose de plus amples questions sur la pertinence réelle de ces enquêtes en ligne, étant donné qu’elles défavorisent de fait les populations les plus précaires qui ont été les plus impactées durant cette crise. 

Les questions en suspens

Beaucoup de questions restent en suspens et les enquêtes ultérieures devront être faites pour apporter des réponses. Notamment sur les prises et pertes de poids des personnes, la part de nourriture cuisinée et celle préparée ou livrée à domicile. Ces changements sont généralement partiellement déterminés par l’environnement et par la situation économique et psychosociale. Dès lors, ils peuvent être non linéaires dans le temps. Les enquêtes qui se pencheront sur ces questions précises devront bien prendre cela en compte pour construire une méthodologie adéquate. 

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