Souveraineté alimentaire : comment la France veut réduire sa dépendance au soja brésilien

Lien de l’article : https://www.lefigaro.fr/flash-eco/face-a-la-dependance-au-soja-importe-la-france-veut-doper-la-culture-de-legumineuses-et-proteines-vegetales-20201201

Le plan protéines du gouvernement prévoit de doubler les surfaces de légumineuses et d’oléagineux d’ici à 2030.

Dans sa stratégie de maintien de sa souveraineté alimentaire, la France s’attelle à l’un de ses plus gros chantiers : réduire la dépendance de ses fermes aux protéines végétales venues de l’étranger. C’est, avec les fruits et légumes et la volaille, une des filières agricoles les plus dépendantes de l’extérieur : 50% de la consommation (animale et humaine) sont importés, principalement d’Amérique du Sud, et notamment du Brésil. Ainsi, 3,3 millions de tonnes de soja sont importées tous les ans, essentiellement de ce pays. Mais la France entend désormais reprendre la main sur une filière stratégique. « Cette situation est le résultat d’un système organisé depuis cinquante ans, où des accords internationaux comme l’Uruguay Round ont laissé le sujet des protéines aux Amériques, en contrepartie de l’accord tacite sur la construction de la politique agricole commune européenne », résumait mardi le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, lors de la présentation du plan protéines de la France.

Certes, grâce au développement de sources de protéines alternatives (colza, tournesol) ces dernières années, l’Hexagone est le pays d’Europe le plus autonome. Mais le but du plan est de doubler d’ici à 2030 – à 2 millions d’hectares – la surface agricole consacrée à des plantes riches en protéines afin de réduire de 10% la dépendance tricolore en la matière. À cette échéance, 8% de la surface agricole française devraient être dévolus aux légumineuses (soja, pois, féverole, trèfle, lentilles, haricots, petits pois…) et autres oléagineux (colza, tournesol, lin…).

Investir en R&D

« Cela passe par une étape ambi­tieuse de 40% de surfaces supplémentaires d’ici à 2023 », détaille le ministre. Le gouvernement y consacrera 100 millions d’euros dans le cadre du plan de relance, dont la moitié d’ici à deux ans pour aider les filières à s’équiper en outils de production, de stockage et de distribution. Vingt millions seront aussi investis en R&D (semences…) pour augmenter la teneur en protéines des plantes et la régularité de leurs rendements. Car, si le soja est connu pour combiner les meil­leurs atouts nutritionnels pour les élevages, ce n’est pas le cas de toutes les autres plantes. Par ailleurs, il faut aussi favoriser « l’augmentation et la stabilisation des rendements », détaille-t-on à l’Inrae, l’institut agronomique de référence en France.

Développer l’autonomie alimentaire des élevages est une autre priorité du plan protéines, pour laquelle la Ferme France recevra 20 millions afin d’aider les agriculteurs à acheter du matériel de récolte et de stockage, ainsi que des semences. En parallèle, 7 millions seront dédiés à de nouvelles formes de protéines, comme les élevages d’insectes pour la pisciculture ou la volaille. Des domaines ou des start-up françaises comme Ynsect ou Innovafeed sont en pointe.

Grâce à ces moyens sonnants et trébuchants, qui seront complétés par des aides européennes, le gouvernement espère enfin changer la donne après plusieurs plans infructueux. Tout en comptant sur les Français pour augmenter leur consommation de légumes secs (lentilles, haricots, pois chiche…), qui a été divisée par quatre en vingt ans. Offrir un nouveau débouché à une filière de production française serait le meilleur moyen de contribuer à sa solidité financière.

Abonnez-vous au magazine

* Champs obligatoires
*
*
*
*
En cliquant sur acheter, votre formulaire sera acheminé à nos représentants du service à la clientèle. Une personne communiquera avec vous sous peu pour achever le paiement de vos achats et vous enverra votre commande.
test