Produits de type végétal et réglementation canadienne : piste de réflexion

Depuis quelques années déjà, on observe une diversification accrue de l’offre proposée aux consommateurs dans les marchés d’alimentation. Une des tendances qui gagnent en popularité chaque année est l’alimentation végétale. En effet, il est maintenant possible de trouver sur les tablettes de nos supermarchés une panoplie de produits tels que des faux-mages, des sans-viandes hachées, des filets de poisson végés, des saucisses végétariennes, des boissons végétales, des délices végétaux et plusieurs autres. Il importe toutefois de rappeler que les étiquettes des produits de type végétal sont elles aussi soumises à la réglementation canadienne et qu’une bonne connaissance des règles permet d’éviter des utilisations erronées, et ce, avant la mise en marché. Passons certains cas sous la loupe réglementaire. | Par Marie-Line Fortin, Conseillère, étiquetage et réglementation

Le nom usuel

Cas 1 : Notre prototype de produit de type végétal est maintenant prêt, nous ne sommes plus qu’à quelques étapes de le lancer sur le marché. Je dois nommer mon produit. Quelles sont mes possibilités ? Y a-t-il des éléments auxquels je dois m’attarder ?

Un grand nombre de produits de type végétal sur le marché possèdent des caractéristiques de goût, de texture et d’apparence similaires aux produits contenant des protéines animales. L’entreprise voudra donc choisir un nom de produit qui permettra aux consommateurs de bien l’identifier et d’en faire la distinction parmi les autres produits. Toutefois, ce n’est pas toujours si simple.

Actuellement, il existe des normes établies pour les produits tels que les saucisses, les burgers de viande, les boulettes de viande, le bacon, le lait, le fromage et les bâtonnets de poisson, pour n’en nommer que quelques-uns. Ces aliments sont dits « normalisés », c’est-à-dire que le Règlement sur les aliments et drogues (RAD) ainsi que le Règlement sur la salubrité des aliments au Canada (RSAC) prescrivent des critères spécifiques pour ces produits en particulier.

Il est donc primordial de savoir qu’il existe des critères définis pour différentes catégories de produits. Ces informations cruciales permettent d’orienter le choix du nom du produit de type végétal. Par exemple, un produit végétal ne pourra pas être nommé seulement « fromage cheddar » ou « cheddar » dû au fait que le fromage cheddar, selon la norme, doit obligatoirement être composé de lait. Ainsi, le nom usuel choisi par l’entreprise ne doit pas porter à confusion et il doit être assez évocateur pour indiquer aux consommateurs qu’il n’est pas l’aliment qu’il imite ou qu’il remplace.

Cas 2 : Nous souhaitons développer des produits de type végétal qui rappellent la saucisse cuite, la viande à lunch et le pain de viande. Est-ce que ces produits végétaux pourraient être considérés comme des simili-produits de viande ou de volaille ?

Selon la réglementation en vigueur, les simili-produits de viande et de volaille doivent posséder les caractéristiques physiques et nutritives de la viande ou de la volaille, mais ne doivent en aucun cas contenir de la viande ou de la volaille.

Au Canada, une des règles stipule notamment que le nom pour un simili-produit doit indiquer « simili (nom de la viande ou de la volaille) » sur l’étiquette. De plus, la mention « ne contient pas de viande » ou « ne contient pas de volaille » doit apparaître à proximité du nom usuel, être bien en vue et en caractères aussi gros que ceux utilisés pour le nom usuel du produit. De cette façon, les consommateurs seront informés de la nature véritable de l’aliment.

Et le communément appelé simili-poulet, lui ? En fait, son vrai nom est « pain de viande simili-poulet » et c’est complètement autre chose, alors il importe de ne pas confondre avec d’autres aliments. Il s’agit plutôt d’un produit de viande qui est soumis à ses propres règles.

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L’enrichissement

Cas 3 : Je suis en train d’élaborer la recette de mon produit de type végétal. Est-ce que je dois enrichir mon produit en vitamines, en minéraux et en acides aminés ?

L’enrichissement est un moyen par lequel des vitamines, des minéraux nutritifs et des acides aminés sont ajoutés aux aliments afin de fournir aux consommateurs une quantité suffisante de certains nutriments dans leur diète.

Ce ne sont pas tous les aliments qui sont sujets à l’enrichissement obligatoire ou facultatif. En fait, il existe actuellement une liste recensant les produits pour lesquels c’est le cas. De plus, les normes de ces aliments précisent les éléments nécessaires à leur enrichissement ainsi que leurs quantités acceptables.

Prenons l’exemple des simili-produits de viande et de volaille qui doivent être enrichis en vitamines, minéraux ou en acides aminés selon le RAD. Ces produits finis doivent contenir les quantités précisées pour chacun des éléments. Pour certains, il pourra arriver que l’ajout de l’élément en question ne soit pas nécessaire, c’est-à-dire que la nature de l’aliment peut faire en sorte que celui-ci contienne déjà la quantité requise. Seule une analyse du profil nutritionnel de votre produit permettra de déterminer cette donnée.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’ajout de certains minéraux et vitamines peut déclencher leur déclaration dans la liste des ingrédients ainsi que leur affichage dans le tableau de la valeur nutritive.

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Les allégations

Cas 4: Nous voulons mettre certaines informations de l’avant sur notre étiquette. Existe-t-il des éléments réglementaires pouvant influencer notre stratégie de marketing ?

En matière d’allégations, les produits de type végétal ne font pas exception. Les étiquettes de ces produits peuvent en afficher, à condition de respecter le cadre réglementaire. Les allégations permettent de définir et de mettre en valeur certains attributs de votre produit. L’entreprise pourrait avoir l’idée d’afficher des allégations en lien avec les protéines, par exemple, « protéine de haute qualité » et « protéine complète ». Les critères d’utilisation de ces allégations comportent des éléments à considérer.

« Protéine de haute qualité »

L’affichage de cette allégation est tout simplement interdit sur les étiquettes, la raison étant que l’allégation « protéine de haute qualité » ne fait pas partie des allégations acceptables et existantes selon le RAD. En effet, cette allégation pourrait laisser sous-entendre aux consommateurs que la protéine en question est de meilleure qualité que les autres protéines ayant les mêmes caractéristiques.

« Protéine complète »

Protéines complètes contre protéines incomplètes ? Cette notion de protéine complète est habituellement attribuée à la présence de tous les acides aminés essentiels dans la protéine. D’un point de vue réglementaire, cette notion ne tient plus.

Il est seulement possible d’afficher l’allégation « protéine complète » lorsque le produit fini répond aux critères de l’allégation relative à la teneur nutritive « sources de protéines ». De plus, l’affichage de l’allégation « protéine complète » déclenche automatiquement l’affichage de l’allégation « source de protéines ».

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De bonnes réflexions à prévoir

Mode de vie pour certains ou curiosité pour d’autres, la tendance vers les produits de type végétal n’échappe pas aux règlements en vigueur et l’étiquetage de ceux-ci se doit également d’être conforme. De la formulation du produit de type végétal à la création de l’étiquette et des matrices publicitaires, plusieurs éléments réglementaires doivent être validés.

Certaines exigences peuvent en effet avoir des conséquences en ce qui a trait aux informations et aux mentions qui doivent être affichées sur une étiquette, comme le nom usuel, le profil nutritionnel, le tableau de la valeur nutritive, la liste des ingrédients, l’affichage d’énoncés liés à l’utilisation d’allégations, par exemple.

Les questions sont nombreuses. Est-ce que mon simili-produit de viande répond aux caractéristiques nutritives requises ? Dans le cas où mon produit doit être enrichi, quelles quantités de vitamines, de minéraux et d’acides aminés doivent être ajoutées ? Est-ce que je dois faire analyser le profil nutritionnel de mon produit ? Si ces questions, ou d’autres encore, vous causent des maux de tête, le Service-conseil Étiquetage et réglementation du Groupe Export pourra vous accompagner dans ces réflexions.

Note : Cet article offre uniquement un aperçu de certains éléments réglementaires. Les détails complets de ceux-ci sont mentionnés dans le Règlement sur les aliments et drogues et dans le Règlement sur la salubrité des aliments au Canada.