Unisoya : croître aussi vite que l’appétit pour le tofu.

Unisoya a débuté l’année 2019 avec un beau problème. Son produit vedette, le tofu, s’envole à la vitesse de l’éclair des tablettes des épiciers. Le spectre d’une pénurie est évoqué dans les médias et la panique qui s’en suit entraîne finalement une rupture de stock. Aujourd’hui, avec ses nouvelles installations de 35 000 pi2 qui lui permettront de doubler, voire tripler sa production, l’entreprise familiale de St-Isidore en Montérégie est plus prête que jamais à embrasser son succès.

« La demande pour le tofu augmente tout le temps, note Réal Beaulieu, copropriétaire d’Unisoya, principal fabricant du Québec. Notre défi, c’était d’agrandir pour augmenter notre capacité tout en restant dans notre patelin. »

Les étoiles étaient alignées pour les Beaulieu, pères et fils, qui ont pu établir leurs nouveaux locaux plus vastes à St-Isidore. Une expansion qui tombe à point nommé. Avec le tofu qui a fait son entrée dans Le Guide Alimentaire canadien, et la place grandissante des protéines végétales dans nos assiettes, il était impératif de répondre au marché. « Avant ça, on ne fournissait plus ! On avait même dû mettre de côté de gros clients, comme Costco et Loblaws, indique Réal Beaulieu. On est déterminés à reprendre le marché. »

Devant cette popularité, difficile d’imaginer qu’à une certaine époque, le tofu et même le soya étaient des produits marginaux en alimentation. Au milieu des années 80, les frères Beaulieu n’avaient pas encore l’ambition d’en faire leur fond de commerce. C’est un reportage de l’émission La Semaine verte à Radio-Canada diffusée dans les années 80 qui les a allumés. On y racontait l’histoire d’un homme qui transformait le soya pour le manger. « À l’époque, se souvient Réal Beaulieu, même quand on le destinait à l’alimentation des animaux, le soya demeurait rare. »

Quelques téléphones plus tard, les Beaulieu entraient en contact avec cet artisan du soya pour lui vendre sa matière première. De fil en aiguille, ils ont fini par s’inspirer de son savoir-faire. « On devait s’associer, mais finalement, on lui a racheté son équipement, indique M. Beaulieu. C’est comme ça qu’on s’est mis à faire du tofu en 1986. »

Cette production n’était cependant qu’un passe-temps. « On faisait de la grande culture en fait, précise Réal Beaulieu. On a installé le nécessaire pour la transformation du soya. Puis en 1990, on s’installait dans le parc industriel de St-Isidore ».

Et cette année, malgré les défis issus de la covid-19, l’entreprise a réussi à se déployer dans ses nouveaux locaux. « On n’a pas eu de problèmes, se rassure M. Beaulieu. On en fait plus que le protocole demandé pour s’assurer de la sécurité de nos travailleurs. »

L’avenir s’avère d’ailleurs encourageant, d’autant plus qu’Unisoya profite de cette vague bleue accélérée par le confinement des derniers mois. Car même si la production de soya au Québec est relativement jeune, la proportion de champs dédiés à cette culture a doublé durant la première décennie de 2000. Unisoya peut fièrement afficher Aliment du Québec sur les emballages de ses produits. « Nos champs, et ceux de nos fournisseurs sont tous en sol québécois, atteste-t-il. On produit ici un soya d’une qualité exceptionnelle, prisé par les marchés étrangers. »

Enfin, Réal Beaulieu est d’autant plus fier que le soya qu’il transforme chez Unisoya est toujours plus protéiné et sans OGM que le tofu soit ferme, mariné ou non, le tofu reste un produit très naturel.